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[Critique] THE FOREIGNER

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] THE FOREIGNER

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Titre original : The Foreigner

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : Chine/Grande-Bretagne
Réalisateur : Martin Campbell
Distribution : Jackie Chan, Pierce Brosnan, Charlie Murphy, Dermot Crowley, Rory Fleck-Byrne, Orla Brady, Michael McElhatton, Katie Leung…
Genre : Thriller/Action/Drame/Adaptation
Date de sortie : 8 novembre 2017

Le Pitch :
La fille d’un restaurateur d’origine chinoise est tuée dans un attentat perpétré à Londres par une branche dissidente de l’IRA. Dès lors, le père va tout faire pour obtenir le nom des responsables auprès du vice-premier ministre irlandais afin de se venger…

La Critique de The Foreigner :

Jackie Chan, le légende des films d’arts-martiaux, l’un des plus grands acteurs chinois et l’un des plus fous également, n’a pas eu grande chose à se mettre sous la dent ces dernières années. Garant d’une filmographie qui compte un grand nombre de classiques, véritable prodige des cascades, il a également su s’exporter avec succès hors des limites de la Chine au fil de films pas franchement mémorables mais très bien accueillis par le public, qui put redécouvrir, dans un autre contexte, sa propension à ne s’imposer aucune limite quand il s’agit de se mettre en danger pour le bien d’une scène. Pour autant donc, dernièrement, Jackie Chan a, de son propre aveu, plutôt du mal à trouver des projets motivants. On se souvient d’ailleurs du récent et calamiteux La Filature, de Renny Harlin, dans lequel il fait équipe avec Johnny Knoxville et qui n’est en rien digne du talent de l’acteur.
Cela dit, quand The Foreigner fut annoncé, tous les espoirs étaient permis. Notamment celui de retrouver un Jackie Chan plus sobre qu’à l’accoutumé, dans un rôle violent et mélancolique, sous la direction d’un réalisateur, Martin Campbell en l’occurrence, capable, quand il s’en donne vraiment les moyens, du meilleur (après tout, on lui doit Casino Royale et Goldeneye, deux des meilleurs James Bond récents).

the-foreigner-pierce-brosnan

La revanche de Jackie

Dans The Foreigner, Jackie Chan campe donc un père bien décidé à se venger des terroristes qui ont tué sa fille. On fait difficilement plus simple comme postulat, même si au fond, le film ne se contente pas d’orchestrer la vengeance en question pour aussi se focaliser sur une histoire presque indépendante. Ce que la bande-annonce ne nous montrait pas vraiment. Et finalement, c’est tant mieux, même si le scénario, qui est donc l’adaptation du livre de Stephen Leather, The Chinaman, a un peu de mal à jouer sur les deux tableaux, en suivant d’une part la croisade brutale du père incarné par Jackie Chan et de l’autre l’investigation d’un ex de l’IRA pour retrouver les membres dissidents avant que ceux-ci ne compromettent des accords de paix avec le gouvernement britannique. Et c’est d’ailleurs pour cela que The Foreigner dure près de deux heures. Après tout, il fallait bien ça et force est de reconnaître que si le film se prend plusieurs fois les pieds dans le tapis en diluant parfois la tension au rythme de plusieurs détours pas franchement utiles, la rythmique n’en souffre pas. En d’autres termes, l’ennui est joliment gardé à distance.
Mais il faut aussi souligner que c’est bel et bien grâce à l’arc narratif centré sur la vengeance du père qui est plus intéressant que métrage gagne une grande partie de son sel. Le reste fait office de garniture. Le plat de résistance, le bon gros bout de barbaque, c’est Jackie Chan dans un rôle à contre-emploi de ceux qu’il a tenu dans tous les films américains qu’il a tourné. Celui d’un homme désespéré, vieillissant, poussé jusque dans ses derniers retranchements, qui va au contact. Chan qui sublime un rôle qui n’a rien d’original (après tout, ce n’est pas première fois qu’on nous fait le coup de l’ex des Forces Spéciales que tout le monde sous-estime), en jouant sur les nuances, en laissant parler l’émotion, tout en se montrant toujours aussi véloce quand il s’agit d’aller au turbin, même si bien sûr, l’âge de l’acteur, qui est pris en compte, fait que ce dernier est tout de même moins « spectaculaire » qu’avant.

Drunken Master vs. James Bond

Alors certes, The Foreigner n’est pas le Impitoyable de Jackie Chan. Mais il y a quand même un petit peu de ça. Parce que Jackie Chan n’a pas peur d’y apparaître comme le sexagénaire qu’il est, avec tout ce que cela sous-entend. Il n’a pas peur de se mettre à nu et de ranger les rires et le burlesque pour véritablement explorer une noirceur hyper intéressante. Excellent de bout en bout, il est crédible sur tous les plans et sa performance, car c’est véritablement de cela dont il s’agit, prouve quel grand comédien il est. Sans lui, c’est une évidence, The Foreigner n’aurait pas le même intérêt. Charismatique, tout en retenu, dirigé avec mesure par un réalisateur qui sait aussi exploiter ses points forts, Jackie Chan trouve ici l’un de ses meilleurs rôles depuis un bail. Surtout qu’en l’occurrence, en face, pour donner le change, Pierce Brosnan est là et bien là. En forme, il permet au film de ne pas s’écrouler sous le poids de son ambition quand le script éloigne la légende des arts-martiaux et se fixe sur le conflit à l’intérieur même de l’IRA sur lequel The Foreigner se concentre également avant que tout ne se rejoigne dans un final à la hauteur sur bien des points.
Aux manettes, le vétéran Martin Campbell fait le job avec toute l’application qui le caractérise. Plutôt en bonne forme, il rend justice au talent de Jackie Chan, que ce dernier tabasse des bad guys ou qu’il nourrisse la dramaturgie du récit. Percutant quand il doit l’être, touchant à d’autres moments, The Foreigner brille par sa pertinence, qui participe bien entendu à sa bonne tenue.

En Bref…
Porté par un Jackie Chan parfait, aussi convainquant dans le drame que lorsqu’il décide d’aller au contact, The Foreigner bénéficie aussi de l’apport indéniable de Pierce Brosnan et d’une belle galerie de seconds rôles (on retrouve d’ailleurs l’excellente Charlie Murphy de la série Happy Valley), ainsi que de la mise en scène d’un Martin Campbell inspiré. En somme, The Foreigner n’est peut-être pas la grande tragédie brutale et désespérée qu’il aurait pu être, mais il ne démérite pour autant jamais. Il va jusqu’au bout et sait se monter plus qu’à son tour percutant.

@ Gilles Rolland

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   Crédits photos : Metropolitan Filmexport


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