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Plan Étudiants : les premières annonces d'Edouard Philippe

Publié le 13 novembre 2017 par Tiavina Kleber @ktiav_

87000 étudiants sans affectation, c’est le triste record enregistré par le système d'Admission Post Bac début juillet, preuve incontestable d’un dysfonctionnement dans le passage pourtant bien rodé vers l’enseignement supérieur. Constat auquel s’ajoutent les échecs récurrents en licence, également mis en cause par le gouvernement. Les autorités étaient donc déterminées à  trouver des alternatives. C'est dans cet esprit que la ministre de l'enseignement supérieur, Frédérique Vidal et le Premier ministre Edouard Philippe ont présenté, après concertation, Lundi 30 octobre un “Plan Étudiants”. Plan dont les grandes lignes, détaillées ici, laissent les partenaires sociaux dubitatifs :



Plan Étudiants : les premières annonces d'Edouard Philippe

Le Premier ministre Edouard Philippe, Fréderic Vidal et Jean Michel Blanquer lors de la présentation du Plan Etudiants.

L'entrée dans l'enseignement supérieur : une sélection douce?

Afin de ne plus laisser les étudiants sans affectations à l'issue de la procédure d'admission post bac le gouvernement entend remplacer le système APB par une nouvelle plate-forme qui sera dévoilée début janvier, après des concertations qui commenceront en novembre. Celle-ci proposera aux étudiants de faire  jusqu’à 10 choix maximum, et non plus 24. Ils obtiendront pour chacun une réponse non hiérarchisée : Oui ou “Oui, si”.  Cette seconde possibilité indiquera au cas par cas les mises à niveau nécessaires à un étudiant pour intégrer la filière qui l'intéresse. Des remises à niveau qui pourraient aller jusqu'à un an, rappelant les années de propédeutiques qui avaient lieu en France jusque dans les années 60. La mesure entend trouver un équilibre entre le tirage au sort et les prérequis. Les filières les plus demandées auront quant à elle recours à une analyse poussée des dossiers personnels et les filières sélectives type classe préparatoire fonctionneront toujours selon un système de réponse Oui/Non. La mesure est critiquée par les principales organisations représentatives étudiantes qui s’opposent à la sélection, alors que le Premier Ministre assume "Je n'ai jamais eu peur du mot sélection". Pourtant les termes de sélection et de prérequis ont été soigneusement évités dans les mesures présentées. La libre entrée à l’université est questionnée et ce n’est pas la très floue proposition de formation « proche de leurs vœux d’origine » en cas de refus par la procédure classique qui saura rassurer les étudiants. La réforme du gouvernement laisse les élèves d’autant plus incertains que le gouvernement souhaite également réformer le baccalauréat d’ici 2021 pour installer une dynamique complémentaire à ce Plan Étudiants. Plusieurs pistes circulent, y compris celle de la suppression des filières L, ES, S datant de la réforme Bayrou, mesure audacieuse mais certainement pas consensuelle. Il faudra cependant attendre pour connaître la stratégie du ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer.

Quel rôle pour les enseignants?

Dans les Lycées les professeurs de terminale auront leur rôle à jouer dans la réforme, puisqu’ils verront leur rôle d'aide à l'orientation approfondi, notamment en tant que professeurs principaux et membres du conseil de classe. Ils seront aussi chargés, en collaboration avec les établissements scolaires, de la mise en place de deux semaines consacrées à l'orientation. Toutefois le contenu de celles-ci reste peu clair, tout comme l'objectif de construction d'un “projet d'étude”. Le gouvernement a insisté sur le fait que l'étudiant aurait le dernier mot, alors même que la FAGE, première organisation représentative des étudiants, s'inquiète que le “libre choix” ne soit plus respecté.

Amélioration de la vie étudiante :

Le gouvernement semble vouloir agir pour augmenter le pouvoir d'achat des étudiants, une démarche d'apaisement après la polémique ayant suivi la baisse de 5€ des APL. Cela passe par le rattachement des étudiants au système de sécurité social général afin de limiter les dysfonctionnements des deux mutuelles étudiantes LMDE et les différentes sociétés mutualistes étudiantes régionales  (SMER). Cela supprimera par la même occasion les 217 € de cotisation obligatoire pour les non boursiers remplacée par une cotisation étudiante unique de 60 à 150 € selon le cycle universitaire incluant la médecine préventive et le SUAPS. Frais auxquels s’ajouteront les éventuels droits d’inscription. Les mesures du gouvernement contiennent également un plan de soutien à la mobilité de 1000€ pour les élèves changeant d’université, un programme qui existe déjà pour les étudiants boursiers qui changent d’université entre la licence et le master. A l’heure actuelle, il n’y a pas d’information sur les élèves concernés par cette mesure.

Quel coût ?

«  450 millions d’euros du Grand Plan d’Investissement pour accompagner la mise en place des nouveaux cursus, la modularisation, la mise en œuvre des contrats de réussite et l’accompagnement personnalisé de chaque étudiant. » et  «  500 millions d’euros sur l’ensemble du quinquennat afin d’ouvrir des places, de créer des postes dans les filières en tension et de valoriser l’engagement des enseignants dans la mise en place de la réforme. » Telles sont les annonces faites par le gouvernement. Soit un peu moins d’un milliard sur 5 ans. L’objectif est de créer 32 000 nouvelles places dans l’enseignement supérieur et de recruter 2500 enseignants, mais aussi de construire de nouveaux logements. Un effort trop faible selon l’UNEF qui fait remarquer que le Grand Plan d’Investissement ne sera mathématiquement que d’une centaine de millions par an. Le financement de ce Plan étudiants reste incertain dans la mesure où le gouvernement ne peut espérer que 50 à 60 millions d’économie par le rattachement des différentes sécurités sociales. Le projet de Budget 2018 table sur une augmentation de 700 millions de l’enveloppe dédiée au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la recherche, sans préciser quelle part sera allouée au Plan Étudiants.

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