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Le drame de Carcassonne : du pain bénit pour Sarkozy ?

Publié le 01 juillet 2008 par Micheljanva

Ce blog n'a pas relayé le drame qui s'est déroulé lors de l'exercice public au 3e RPIMA à Carcassonne. Et pour cause : les médias ont abondamment traité cette information (désolé pour ceux qui ne lisent plus que le Salon Beige...).

Néanmoins, l'actualité de ces dernières heures nous pousse à réagir. La spectaculaire démission du général d'armée Bruno Cuche, chef d'état-major de l'Armée de terre, s'il fait suite au drame, semble surtout être la conséquence de l'attitude du président de la République, hier à Carcassonne, qui se serait montré "particulièrement désagréable" avec cet officier général. Il lui aurait notamment déclaré, en pointant son doigt vers lui :

"Vous êtes tous des irresponsables, pas des professionnels !".

Il n'avait précédemment dit bonjour à personne, sinon au ministre de la Défense et au préfet. Plus tôt, il aurait pris 2 autres décisions spectaculaires : supprimer tous les officiers généraux de la promotion de la Légion d'honneur du 14 juillet ; et ajourner toutes les nominations de généraux prévues pour le conseil des ministres de demain. Seul le général Elrick Irastorza, promis depuis plusieurs semaines à la succession du général Cuche, aurait échappé à la colère présidentielle.

Le drame de Carcassonne ne semble être qu'un prétexte : le président n'est pas satisfait des réactions qu'a suscitées le Livre blanc. Nicolas Sarkozy, ancien ministre de l'Intérieur, n'apprécie pas l'armée. C'est le conflit de deux cultures : celle de l'immédiat et du bling-bling contre celle de la retenue, de la pudeur et du sens des responsabilités. Un officier général résume l'état d'esprit :

"l'erreur [] consiste à jeter l'opprobre sur toute une institution, quand cette terrible et impardonnable faute méritait une réaction adaptée. Pas de jeter 130.000 hommes et leur chef plus bas que terre".

Sur Secret-Défense, Jean-Dominique Merchet ne cache pas sa colère :

"Sans faire de procès d'intention, ce que le président de la République a montré aujourd'hui, c'est ce qu'il pense vraiment de l'armée. Il ne la comprend ni ne l'aime. La grogne des militaires lui reste manifestement en travers de la gorge. L'imagine-t-on, un instant, tenir les mêmes propos de la police ? L'antimilitarisme de droite est-il un fantasme ?

Je rappelle que le régiment-frère du 3ème RPIMa de Carcassonne, le 8ème RPIMa de Castres est arrivé ce matin même en Afghanistan. Envoyé par ce même président de la République sur un théâtre de guerre. Sur leur VAB, les paras du 8 devront servir leur mitrailleuse de 12,7 mm sans protection. Les blindés AMX-10 RC, envoyés pour les soutenir, ont un plancher en aluminium, évidemment à l'épreuve de toutes les mines ! Rappellons-nous cette phrase, prononcée aujourd'hui par le chef des Armées : "Il y a eu des négligences inacceptables. Elles devront être sanctionnées"."

Michel Janva

Bernard Antony réagit :

"le Chef des Armées et le bout de la chaîne de commandement, c’est bien le Président de la République, qui n’est pas plus et pas moins responsable d’une erreur de manipulation de chargeur par un sous-officier que le général démissionnaire. La logique, le sens de la responsabilité au plus haut niveau et l’honneur de Nicolas Sarkozy lui imposent évidemment de suivre l’exemple du général. Il devrait donc dans les prochaines heures annoncer sa démission."


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