Magazine

Max | En mer

Publié le 25 novembre 2017 par Aragon

Ce petit papier est dédié à Bernard Tapie et à toutes/tous les autres compagnes/compagnons en mer...

ulysse.jpg88.jpg
Depuis des lustres je connais cette phrase qui m'a toujours beaucoup touché, que je pensais dicton breton, mais, passant par contrôle big data informatique, je découvre qu'elle serait peut-être attribuée  à Aristote, probablement à Platon... anyway, j'm'en vas, moé (j'ai l'âme québécoise ce matin) l'attribuer à Homère, elle convient bien mieux au papa d'Ulysse/Odysseus.

"Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont en mer..."

Quand tu as une maladie mortelle en toi, quelque chose de merdique qui veux t'enlever ta vie, qui te suce la moelle, qui te ronge, qui veut te détruire le corps, le coeur et l'esprit, qui est fixée sur un organe comme dents de pitbull sur sa proie, quand tu as un cancer grave tu es en mer.

Tu fais partie d'une communauté très particulière, celle des gens de mer que ne connaissent pourtant pas les marins... C'est exactement ça, mais comment l'expliquer ?

Tu n'es pas marin bien sûr, tu n'iras peut-être même jamais sur l'eau, il ne s'agit pas de ça, du sens premier, mais tu es en mer, vraiment en mer. Tu n'est pas vivant, tu n'es pas mort, tu es en mer.

Tu es en mer sur un drôle de bateau : Ton corps est bateau et tu es le seul membre d'équipage. En mer, dans cette mer sur laquelle tu navigues il y a toutes les mers, toutes les eaux, tous les temps et tous les ciels possibles. Il y a, comme l'écrit magnifiquement Cavafy pour en revenir à Homère, à Ulysse et aux Ithaques vivantes que l'on voudrait rejoindre, il y a les beautés les plus exaltantes et les plus troublantes, mais aussi les peurs les plus affreuses : sirènes, Cyclopes, Lestrygons, colères de Neptune...

Tu es un Ulysse seul sur son navire, un Ulysse moderne qui peut communiquer par radio avec les siens restés à terre, qui peut entendre des mots doux, des mots forts, des mots du coeur, des courage, des je ou nous sommes avec toi, mais tu es seul, c'est ton odyssée, c'est toi, seul avec toi. C'est, clouée au mât la vision d'Ithaque que tu veux, que tu dois rejoindre.

Rejoindre le port ou couler, vivre ou mourir. Ne jamais envisager de couler sans jamais avoir auparavant chèrement défendu sa peau, en ayant lutté, comme Ulysse, avec sa mètis comme seule arme et compagne de mer, avec ruse, force, intelligence, courage, énergie.

Combat d'une vie, inaccessible aux vivants et aux morts...

https://www.youtube.com/watch?v=QfCXa2rG6UM

 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aragon 1451 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte