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La question bûche

Publié le 26 novembre 2017 par Pantoled

En ce doux dimanche, voici la question qui nous arrive droit dessus comme une ordonnance Macron :

45€ la rondelle de bois, est-ce bien raisonnable ?

En effet, quelle bonne question de merde.
Est-ce bien raisonnable ? Je vous le demande. Je vous le demande sincèrement. Vendre une bûche, un bâton ou encore une rondelle de bois, est-ce bien raisonnable ? Et l’acheter, est-ce bien raisonnable ?

À 45€ le bout, on est en droit de se demander si on se foutrait pas un petit peu de nos gueules.

Je veux dire : à ce prix là, je vais dans mon jardin, j’arrache de l’herbe, j’en fais une boule et je la vend comme étant un « charme de protection sylvestre ». Et pour dix euros de plus, j’écris votre prénom sur un papier que je plie en quatre avant de le coincer au milieu. Pour plus de protection.
Et mon cul, alors ? Pourquoi pas.

Autant aller choper des chutes de bois dans une scierie. Et bim : je viens de me faire 150 boules avec trois rondelles de bois et une bûche un peu fêlée.
Et si j’habite en ville, qu’à cela ne tienne : je me dégote un parpaing des familles et hop, un butoir de porte ambiance industrielle pour 50 euros. J’ouvre une boutique sur Etsy, je m’exporte à l’international ; je fais de la pub sur Facebook bourrée d’emoticons, j’attire le bobo chaland  grâce à l’étalage de mon vide artistique, je fais dans le minimal, mes testicules s’appellent Midas, et PAF !
Dans la foulée j’en profite pour élargir ma gamme de produits avec les butoirs de porte en pavés avec gravure personnalisée (coût supplémentaire de 15€ par face TTC) et les cale-meubles en plaques de BA13.

J’inonde le marché de la décoration en bâtiment et je vous nique tous en me lançant dans la fraude fiscale.

Et tout ça avec un parpaing.
Alors je vous laisse imaginer tout le potentiel qui se cache dans ce genre d’objets, bien souvent sous-exploité par les boutiques à hipsters qui vont se contenter de vous vendre une bûche avec votre nom dessus, alors qu’en coupant la bûche en deux vous pouvez vendre une oeuvre d’Art Brut sous couvert de dénonciation écologique et engagée.

Le plus beau, c’est que vous allez l’acheter, ma bûche coupée en deux, afin de l’exposer fièrement dans votre appartement.
Dans les faits, vous venez d’encourager la consommation de bois dans un but purement ostentatoire, et tous vos amis vous appellent désormais « Le Penseur de Rondin de bois ».
Rondin pour lequel vous avez payé $99.99. Pendant ce temps, ma mère vous a tous niqués : au prix du marché de l’art, elle brûle 3000€ par jour pendant l’hiver, en toute décontraction et avec le RSA.
Elle chauffe au bois ; vous attendez le coup de fil de votre banquier.

Vous êtes impertinents dans vos choix. Bravo. Vous avez fait l’acquisition d’un tas de carbone. On vous a vendu un diamant à 300% de sa valeur dans sa forme la moins diamante possible. Tout ceci n’a aucune espèce de logique.

Voilà pourquoi la vente de pavés de décoration est vouée au succès.
Acheter une rondelle de bois 45€/pièce n’est pas raisonnable. Dieu merci, vous vivez dans le paraître et ne manquerez pas de poster sur Twitter ou Instagram une photo de votre acquisition. Merci pour la pub.

Le futur se passe maintenant : prenez le fond de toile et vendez un interférant. Dans un monde où les enjeux n’ont jamais été aussi importants (écologie, droits de l’humain, guerre, viol, esclavage, droits des animaux), vendez au prix fort ce qu’on peut trouver dans la rue. Soyez inutiles.

En conclusion :
À 45€ le bout, tu m’étonnes qu’on se fout de nos gueule. Mais comme visiblement ça fonctionne, est-ce que ce n’est pas un petit peu mérité ?



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