L’ #islamophobie a des conséquences dans la réalité

Ce pourrait être une simple anecdote telle qu’on peut en trouver des dizaines dans la chronique judiciaire quotidienne. Bien que je m’interdise d’instrumentaliser les faits divers, ce que je condamne déjà chez mes ennemis d’extrême-droite, qui ne s’en privent guère, au point de régulièrement se ridiculiser, l’histoire qui va suivre me semble cependant intéressante à convoquer ici.

Il s’agit d’une retraitée de 61 ans qui est accusée par plusieurs de ses victimes de les agresser en raison de leur seule appartenance religieuse. Les faits se sont déroulés à proximité de l’école située dans le quartier St  Gaudérique de Perpignan entre le 21 et le 24 novembre 2017. Six mères de famille se se sont présentées au commissariat de Perpignan pour déposer une plainte à l’encontre de cette personne. Entendue mardi dernier, la retraitée a reconnu l’ensemble des faits, hormis celui d’avoir tenté de foncer sur ses victimes.

Au regard de ses déclarations, le parquet demande à ce qu’elle fasse l’objet d’une expertise psychiatrique qui déterminera si elle est responsable ou non de ses actes. Cette expertise permettrait de savoir si l’agresseur est ainsi accessible à une sanction pénale et de la contraindre ou non à une obligation de soins. (source)

Nous y voilà. Visiblement, la santé mentale de cette personne pourrait être altérée, d’où cette demande d’expertise. Et donc, où est-ce que je veux en venir ? A ceci : alors que les tensions inter-communautaires m’apparaissent particulièrement aiguës actuellement du fait des attentats terroristes, la classe politique et médiatique ne semble rien avoir de plus pressé que de les entretenir par tous les moyens. Ce n’est pas ce que l’on est en droit d’attendre d’une classe politique responsable. Auparavant, l’extrême-droite seule se distinguait par son excellence à souffler sur les braises des racismes. Aujourd’hui, le sinistre s’étend bien au delà, hélas, et les réflexes et positionnements identitaires débordent un peu trop largement le seul camp du FN. J’en veux pour preuve le niveau de violence et d’exacerbation que je constate quotidiennement dans le débat public et politique, avec une traduction sans fard d’aucune sorte sur les réseaux sociaux, parcourus de vagues de haters assez hallucinantes et révoltantes qui abaissent notre société par leur grossièreté et leur haine de l’Autre. Il me semblerait donc plus que salutaire que notre classe politique et médiatique, qui a pour beaucoup valeur d’exemple,   cesse de jouer avec le feu. Car nous ne sommes plus au temps de la machine à vapeur et des journaux papier. La parole et les actes circulent à travers le monde en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, à l’heure d’internet, et toute une population s’abreuve à ses sources,  parfois si odieusement frelatées. Nos politiques n’en ont pas assez conscience. Et quand des gens vulnérables se repaissent des écrits et des images qu’ils trouvent sur des sites peu regardants en matière de déontologie et d’éthique, comme la fachosphère en compte tant, on voit bien ensuite ce qui risque d’arriver. Cette personne a été arrêtée à temps, avant que ne se commette l’irréparable. Mais il serait vraiment urgent que certaines personnalités s’avisent que leurs propos racistes, violents et excluants, pourraient avoir des concrétisations plus que fâcheuses dans la réalité. Surtout quand elles peuvent avoir un impact décuplé sur des esprits troublés, sans capacité de recul et de contrôle, ce dont les auteurs de propos incitant à la haine raciale, sexiste et religieuse devraient un peu plus prendre conscience. S’en désintéresser et se dégager de toute responsabilité, c’est assez là signer son crime, selon moi. On ne peut pas d’un côté dénoncer à juste titre le terrorisme djihadiste d’un côté et mésestimer ou sous estimer les prémices de celui qui lui répond, tout aussi grave à mes yeux.