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Max | DJohnny

Publié le 09 décembre 2017 par Aragon

Merci Johnny

Les français...

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C'est pas Perrier, c'est DJohnny qui l'est : DJohnny c'est fou. DJohnny c'est tout. DJohnny c'est toute notre société, du Bébert accoudé au zinc du troquet du coin à l'Hubert de la Courtepaille administrateur de la société du Gland d'or. Tout le monde en France a en lui quelque chose un peu de DJohnny.

Si sa vie tenait dans un dessin animé, DJohnny c'est les sept nains et Blanche Neige, c'est Godzilla, c'est Bambi et c'est Dumbo, c'est Goldorak et Albator, c'est Pluto et c'est Popeye : miracle de l'enfant adulte.  DJohnny c'est tous les héros de la littérature et du cinéma, c'est Jean Valjean et les sept Mercenaires à la fois. DJohnny c'est Labro, Berger, Godard, Luchini, c'est les Guignols de Canal +, c'est surtout un océan de générosité aux yeux de quelque chose de bizarre qui s'appelle les gens, qui s'appelle un public.

DJohnny, plus qu'une voix (unique car venant d'un ventre de Titan), qu'une énergie, qu'un coeur, qu'une âme, c'est une palpitation vitale, c'est le bip-bip du spoutnik fin années cinquante, dans une France figée, morose, gaullienne, chiante et qui se fait chier, encore brisée par la guerre, la dernière grande, toutes les autres, coloniales, une France bêlante avec les roucoulades de Tino le gominé ou d'André Dassary, saturée par la guimauve accordéonesque de Verchuchu, d'Yvette, écoeurée par le label bleu-blanc-rouge : béret et baguette de pain, une France 2 CV ou DS, une France indigeste...

Parcourant toutes les nuits électriques sans les retenir jamais, DJohnny balance alors des grands coups de santiags vitaminés dans tout ça, dans toute cette France au col et au cul empesés, amidonnés et tristes. Il déverse des arpèges rageurs, des décibels avant-gardistes, il casse des micros car la vocation d'un micro ce n'est pas de restituer du son, c'est d'être cassé. Le Perfecto et la Fender feront valdinguer les barrières, la culture populaire fait craquer les murs des musées réservés à l'élite : Mimile dansera enfin le twist avec sa Vénus aux bras retrouvés. Le peuple exulte sa rock attitude naturelle dans les salles, les stades et plus tard dans les zéniths. DJohnny change les coeurs, les moeurs, les valeurs, il bouscule les habitudes, déchaîne les gens, leur dit d'oser, leur dit de respirer, d'aimer, de chanter, leur dit que c'est possible, leur dit qu'ils sont importants car une personne et il en est la preuve vivante, partant de rien, est capable de tout. Une personne de rien possède un coeur capable de tout. Il dit à celui qui l'écoute : tout est dans ton coeur, prends confiance en toi, chante avec moi, chante-toi, aime vivre.

DJohnny amènera une chose plus importante que la Bible, que la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, que la théorie de la relativité, il amènera le rock américain et un air de vraie jeunesse en France et l'âme laïque de la France, à partir de l'arrivée sur scène de DJohnny, prendra son envol, sa liberté, dans les ondes et salles de concert... Il amènera la modernité par la révolution du rock : en France il y a eu DJohnny et le formica.

Le rock et ses pionniers, dont DJohnny, ont bien plus émancipés la France que ne le firent la nuit du 4 août 1789 ou mai 68. À partir de DJohnny tout changera définitivement. Merci et salut l'artiste !


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