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Star Wars : le Réveil de la Force. Des demi-dieux et des hommes

Par Balndorn
Star Wars : le Réveil de la Force. Des demi-dieux et des hommes
- Han Solo ? Le rebelle ?
- Le contrebandier !
- C’était pas un héros de guerre ?
- C’est vrai que vous avez fait le raid sur Kessel en quatorze parsecs ?

Star Wars : le Réveil de la Force, ou comment redécouvrir nos idoles. Les demi-dieux de la trilogie originale voient leur double nature au cœur de l’intrigue de l’épisode. Leur caractère humain s’expose visuellement par le vieillissement des jeunots des années 70 – quel choc de voir Harrison Ford, Carrie Fisher et Mark Hamill aussi vieillis ! –, mais cette déchéance physique des acteurs originels ne fait que renforcer leur caractère légendaire, mythique.
Luke a disparu et devient objet de fable à part entière, Han est l’objet de récits polymorphes de ses exploits, et Leïa a utilisé son aura prestigieuse pour fonder et organiser la Résistance.
Mais il n’y a pas que les gentils qui soient objets de culte ; le casque déformé de Dark Vador fait l’objet d’un véritable culte, d’une icône personnelle pour son petit-fils aux ambitions démesurées. Tous les nouveaux personnages – Rey, Finn, Poe et Kylo Renn – veulent se mesurer aux héros des temps mythiques.

Toute la beauté du film d’Abrams réside dans la fine analyse des désirs d’imitation et de rejet, du Même et de l’Autre. C’est notre propre désir de s’identifier aux héros parfaits de la trilogie originale qui se retrouve mis en scène à travers les figures-relais que sont Rey et Kylo Renn.
J’ai trouvé dans ce film quelques-uns des plus beaux plans de la saga. La séquence quasi-documentaire sur le quotidien d’une fouilleuse d’épaves à Jakku regorge de ces images qui creusent les vestiges du plus grand de nos mythes contemporains. Un superdestroyer qui déploie ses entrailles magnifiques dans la chaleur du désert, un quadripode qui s’étale avec superbe dans l’ardeur du soleil, un Faucon Millenium qui reprend vie au milieu de ces ruines… Images du bric et du broc mythique.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Abrams ne cherche pas à nous raconter un nouveau récit légendaire, et se contente d’ailleurs de reprendre l’intrigue du quatrième opus, celui qui a le plus contribué à la mythification de la saga. En reprenant presque littéralement le scénario originel, mais en orientant différemment ses enjeux, Abrams met le doigt sur les structures mêmes du mythe, sur ces images bricolées par Lucas devenues iconiques depuis le temps, rêves d’aciers et d’étoiles. C’est notre besoin même de mythes et notre adhésion à ceux-ci qui se retrouvent projetés à l’écran.
Contrairement à Lucas, ingénieur d’un univers cohérent qui s’inscrit dans des structures mythique, Abrams s’appuie sur les boulons de ses piliers. Ce sont les petites choses et les petits êtres oubliés de la trilogie originale, et peu exploités dans la prélogie, qui le fascinent. C’est ce morceau de pain chimique qui prend forme avec un charme mélancolique dans l’assiette de Rey. Ce sont le casque et la boule d’entraînement dont Luke se servait pour maîtriser la Force. C’est le sang d’un stormtrooper sur le casque d’un ami. Mais ce sont aussi les femmes et les Noirs, discrets dans la trilogie originale, et qui se voient propulsés au premier plan.
S’il y a une lecture féministe et post-coloniale du film, c’est en ce sens-là. La réhabilitation des femmes, des Noirs et de toutes les minorités se comprend dans un mouvement global d’attention portée aux détails de l’univers. Abrams ne reproduit pas le geste démiurgique de Lucas, tel Dieu créant le monde, mais pose sa caméra sur toutes les choses que Lucas n’avait pas programmées.
Les hommes, autant viciés que vertueux, se retrouvent sous le feu des projecteurs, et sous le regard bienveillant des demi-dieux du temps jadis, qui s’en vont lentement. 
Star Wars : le Réveil de la Force. Des demi-dieux et des hommes
Star Wars : le Réveil de la Force, J. J. Abrams, 2015 
Maxime
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