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Ornithologie et cinéma

Par Jeannoel08

A Hong-Kong, les pickpockets sont surnommés des moineaux. "Sparrow" dans la langue de Shakespeare. C’est aussi le titre du nouvel opus filmique de Johnnie To, qui suit un groupe de quatre pickpockets, qu’une mystérieuse jeune femme va arnaquer avant de demander leur aide afin de se libérer du joug d’un mystérieux caïd.

 

 

Le titre du film est évidemment à sens multiple et l’on cherchera qui est donc ce "moineau". Kei, l’élégant pickpocket interprété par l’acteur fétiche de To, l’excellent Simon Yam, capable d’organiser une opération massive et de coordonner quatre vols simultanèment, au cours d’une séquence magistralement découpée où les victimes et les pickpockets se croisent et se succèdent, les voleurs semblant suspendre le temps pour s’occuper de leurs victimes. A moins qu’il s’agisse de Chun Lei, la femme fatale qui séduit et arnaque chacun des membres du gang de Kei, les prenant chacun à leur propre piège.

 

Non, le moineau, ici, est bien évidemment le réalisateur Johnnie To. Tout comme dans la séquence d’ouverture où un moineau s’obstine à rentrer dans l’appartement de Kei, comme attiré par le projecteur sur lequel il va se poser, Johnnie To est inlassablement fasciné par les néons de Hong-Kong, ville qu’il ausculte un peu plus à chacun de ses films. En la dessinant et en maîtrisant sa géographie, le réalisateur s’affaire à conserver une trace de cette ville qu’il aime et dont il appréhende le futur, à cause de la menace de la retrocession totale à la Chine en 2046. A chaque film, il aborde différemment son terrain de jeu et, avec Sparrow, c’est sous l’angle du polar et de la comédie musicale. Bien qu’il n’y ait aucun passage musical proprement dit, le film au scénario mince comme une feuille de cigarette séduit grâce à sa bande originale omniprésente et aux chorégraphies des actions des pickpockets. Pour culminer dans une séquence anthologique où au ralenti, deux gangs de pickpockets couverts de parapluies, se défient et exécutent diverses manoeuvres pour se disputer le passeport de Chun Lei. Johnnie To invoque ici à la fois Sergio Leone et Jacques Demy, Pour une Poignée de Dollars et Les Parapluies de Cherbourg pour livrer au final un film jazz, aussi bien par sa légèreté que par la rigueur et la perfection de son découpage.


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