GQ « E 14th » @@@@

- Hip-Hop/Rap

GQ « E 14th » @@@@

Sagittarius Laisser un commentaire

Dans le florilège de sorties rap qui a marqué cette fin 2017 est sorti de manière quasi inaperçue ce nouveau numéro de GQ, et je ne parle pas du magasine pour beau gosse cadre sup’. Pourtant, quand on suit de près les sorties Jamla Records, de The Away Team à Rapsody en passant par les compilations du label, c’est un rappeur qui nous est familier depuis Wonder Years de 9th Wonder au moins. Séance de rattrapage avec son nouvel opus E 14th, produit par 9th Wonder, Khrysis, S1 et Nottz, et que je recommande chaudement.

Des beats boom-bap, des samples parfois délicieusement soulful, des lyrics à la pelle, du talent à revendre, voilà le programme de cet album sans prétention mais terriblement bien accordé. Parce que GQ n’est pas qu’un simple rappeur underground qui se situe dans la norme supérieure qui nous invite à se mettre dans ses baskets pour visualiser avec précision à quoi ressemble son quotidien (« Laundry Day« , « Everything’s The Same« ), il y a tout une société d’artisans de la prod qui sont à son service, 9th Wonder en tête et des membres du Soul Council comme Nottz et DJ Khrysis, des noms de renom (surtout Nottz). 9th n’hésite pas à sortir le grand pour son artiste en servant sur un plateau un sample de d’Awaken My Love de Childish Gambino (le slow 80s « Terrified« ). S1, aussi présent, lègue des beats qui rendraient jaloux pas mal de têtes connues, en particulier « Stay » avec sa vibe r&b qui ferait fondre du chocolat.

GQ est du genre à ne pas s’embarrasser pas d’écrire de refrains quand le sample ou une chanteuse féminine peut s’en charger, à moins que cela s’intègre bien dans la structure du morceau comme sur le nocturne « Too Much » et l’ouverture « Actin’ Like » qui donne tout de suite le ton et le niveau. Au milieu de son flot de rimes ininterrompu, parce qu’il n’y aucun featuring, le rappeur peut déballer ce qu’il a sur le coeur avec des textes très sincères comme sur le touchant « Take Care« , quand il évoque ce sentiment et ce besoin d’aider son quartier et les siens avec les difficultés que cela induit. E 14th peut compter sur d’autres morceaux vraiment magiques comme « E 14th« , « Do You« , « WYD« , « Reach It » (qui sample du Marsha Ambrosius?) pour que l’écoute puisse être un ravissement en plus de bouger la tête en rythme, bien concentré sur les lyrics.

E 14th est très honnêtement un album qui était à deux doigts d’avoir un @@@@½ et très franchement, GQ mérite bien plus de considération. C’est le style d’album de hip-hop qui quitte difficilement une playlist, qui peut s’écouter régulièrement sans effet de lassitude et qui vaut son pesant de qualificatifs et d’adverbes. Ah au fait, si vous réclamez encore des beats de 9th Wonder, sautez sur son nouvel album instrumental fleuve Zion II, il y en a 43 à déguster.