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Detroit (2017) ★★★☆☆

Par Olivier Demangeon @critiks_moviz
DETROIT (2017) ★★★☆☆

Synopsis : Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d'émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation. À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d'une base de la Garde nationale. Les forces de l'ordre encerclent l'Algiers Motel d'où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l'hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux. Le bilan sera très lourd : trois hommes, non armés, seront abattus à bout portant, et plusieurs autres blessés...

Origine du film : États-Unis
Réalisateur : Kathryn Bigelow
Scénariste : Mark Boal
Acteurs : John Boyega, Will Poulter, Algee Smith, Jacob LMitchell, Hannah Murray, Kaitlyn Dever, Jack Reynor, Anthony Mackie, Jacob Latimore, Jason Mitchell
Musique : James Newton Howard
Genre : Crime, Drame, Historique, Thriller
Durée : 2 heures et 23 minutes
Date de sortie : 11 octobre 2017 (France)
Année de production : 2017
Sociétés de production : Annapurna Pictures, First Light Productions
Distribué par : Annapurna Pictures
Titre original : Detroit
Notre note : ★★★☆☆

Notre commentaire : " Detroit " est un thriller dramatique et historique américain datant de 2017 réalisé par Kathryn Bigelow, à qui l'on doit également " Démineurs " (2008). Les acteurs principaux sont John Boyega, qu'on a pu voir dans " The Circle " (2017), Will Poulter, qu'on a pu voir dans " The Revenant " (2015), Jacob Latimore, qu'on a pu voir dans " Sleight " (2016), Jason Mitchell, qu'on a pu voir dans " Kong: Skull Island " (2017) et Anthony Mackie, qu'on a pu voir dans " Triple 9 " (2016).

L'histoire proposée par " Detroit " nous transporte en 1967 lors des émeutes qui secouèrent cette ville et très vite, on se focalise sur une séquence prolongée, basée sur des faits réels, soit un raid policier au Algiers Motel, entraînant le décès de trois jeunes hommes noirs et des violences sur neuf autres personnes, dont deux jeunes femmes blanches. Le film débute par différentes explications sur les troubles civils qui se développèrent dans cette ville, avant d'introduire progressivement les différents protagonistes de l'affaire évoluant tous sur une poudrière. La dernière partie du film, après que le sang ait séché et que les plaies aient commencé à guérir, propose de suivre l'enquête, le procès et les répercussions de cette fameuse nuit.

" Detroit " met en lumière ce que l'on savait déjà, mais que peut-être bon nombre de personnes ont oublié ou tout simplement occulte, il y a du racisme aux États-Unis. La police se retrouve régulièrement au cœur de faits divers où un représentant de l'autorité aurait abattu un homme de couleur noire, sans motif apparent ou tout du moins faisant une réponse disproportionnée à l'action et/ou à la menace. Ce film montre donc comment les hommes noirs et blancs se dressent les uns contre les autres. Même si l'ensemble de ce qui est présenté est basé sur des faits réels, même si ce que l'on peut voir est clairement révoltant, même si le comportement de certains policiers est choquant et scandaleux, même si les actes sont inqualifiables et odieux, mon Dieu qu'est ce que c'est lent ! Terriblement lent ! La séquence au Algiers Motel, bien que fondamentale pour le développement du métrage, est tout simplement interminable et cela plombe atrocement ce film.

La performance de John Boyega a été louée par de nombreux critiques, mais de notre point de vue sa prestation est affreusement plate, incarnant un personnage qui se positionne plus comme étant un complice que quoi que ce soit d'autre. Un agent de sécurité noir qui vient porter assistance à la police, et témoin direct d'une violation des droits civiques d'hommes noirs. Habituellement charismatique, l'acteur apparaît vraiment fade dans ce rôle, même si c'est la mise en scène qui veut cela. Mark Boal, le scénariste, esquive la question de cette complicité, délaissant un aspect intéressant de l'histoire.

La meilleure prestation vient probablement d' Algee Smith qui incarne Larry Reed, le chanteur d'un groupe de R&B, The Dramatics. L'acteur offre une âme à son interprétation, qui devient de plus en plus déchirante au fur et à mesure du développement. Enfin, il y a la performance de William Poulter qui incarne le policier Philip Krauss et qui symbolise à lui seul le racisme à l'état brut. L'acteur donne une dimension sadique et immensément rusée à son personnage. Il prend du plaisir à frapper les noirs, il abuse de son autorité, et ne semble pas gêner par l'amoncellement de cadavres autour de lui.

Bien que la dénonciation soit au rendez-vous, Kathryn Bigelow, la réalisatrice, se perd en insistant sur des détails sans intérêt. Un développement plus approfondi des personnages centraux aurait été plus intéressant. Le rythme est vraiment lent, ce qui handicape fortement l'intérêt et la concentration. La photographie est souvent plus proche du documentaire que du film. Peut-on encore parler de divertissement face à ce type de métrage ? " Detroit " est manifestement un film engagé qui met en lumière une situation qui semble figée aux États-Unis. Après avoir visionné ce film, on se dit " mais rien n'a changé ". Le système semble protéger les auteurs d'actes racistes dès lors qu'ils appartiennent aux forces de l'ordre. " Detroit " est finalement un portrait précieux d'un moment sanglant, violent et important de l'histoire américaine.

" Detroit " a fait l'objet d'une édition en DVD ainsi qu'en Blu-ray, paru le 20 février 2018 chez Universal Pictures Vidéo (France). Pour de plus amples renseignements, n'hésitez pas à consulter la fiche du film sur le site DVD.Fr.

En conclusion, " Detroit " est un film qui dénonce une situation persistante et latente aux États-Unis, le racisme envers la communauté noire. À travers un événement violent et meurtrier, on peut percevoir la haine des différentes communautés et le positionnement des autorités et des détenteurs de la force publique. On peut observer les dérives de certains policiers et on ne peut qu'être compatissant envers la souffrance physique et les blessures morales des victimes. Malheureusement, Kathryn Bigelow se perd avec une mise en scène asthmatique et un développement interminable. La distribution offre divers niveaux de prestations. La photographie est fatigante avec des prises de vue caméra à l'épaule, parfois proches de la nausée. On est bien plus proche du documentaire que du divertissement.

Bande-annonce :

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