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certains_de_mes_amis_catherine_martin_ba

Par Julien Leray @Hallu_Cine

Les amateurs de productions expérimentales seront aux anges. Ceux friands d’œuvres picturales notamment. Dès le premier plan de Certains de mes amis, Catherine Martin ne perd pas de temps. Celui juste nécessaire à la mise en place et à l’évocation de ses intentions. Les quinze premières minutes vont ainsi alterner de longs plans fixes, dont les seuls mouvements seront ceux de son ami peintre, François, en train de réfléchir quant à la composition de sa nouvelle toile. Quinze minutes d’immersion complète dans un espace-temps inusité, au plus près des atermoiements faisant le lit de son intimité. Catherine Martin ne perd pas de temps certes, mais en même temps le suspend. Rappelant par ce segment en particulier la séquence au cours de laquelle Rooney Mara mange, de longues minutes durant, une tarte dans A Ghost Story de David Lowery. À l’instar de ce dernier, clivant sera donc le qualificatif qui siéra le mieux à Certains de mes amis.

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Au gré de sept portraits gravitant tous autour d’une pratique ou d’une velléité artistiques, Catherine Martin va en effet réemployer ce procédé selon une mécanique bien huilée : plein cadre muet sur son sujet, présentation des pratiques de ce dernier, échanges éventuels quant au cœur de leurs métiers. Certains de mes amis se rapproche ainsi des pages du carnet présenté par François, où chacune d’entre elles représente une idée, une tentative, pour maîtriser la contrainte de son support, et exprimer un point de vue unique dans sa forme et son exécution. À l’instar d’un film à sketchs, le documentaire de Catherine Martin peut ainsi s’apprécier à l’aune du cadre précis émanant d’un segment, en fonction de l’intérêt de chacun et de sa sensibilité. Et ce bien que le visionnement de son ensemble restera bien sûr le seul à même de mesurer l’expérience dans son entier.

Par cette structure chapitrée et le rythme imprimé, Certains de mes amis s’écarte alors du naturalisme de sa thématique (le quotidien et ses dynamiques sous-jacentes) pour proposer une mise en scène conceptuelle, faite de plans fixes donc, où le mouvement nait d’abord et avant tout de ceux de ses interlocuteurs. L’occasion de découvrir leur vie au plus près, ce qu’ils traversent, ce qu’ils peuvent éprouver au jour le jour. Par le fait même, de capter également les zones d’errances et de réflexions essaimant ces vies, au demeurant pourtant bien remplies.

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Laisser le temps au temps, ainsi qu’à la pensée. Pour mieux conclure sur l’importance précieuse de profiter de l’instant présent, où l’art est diversité (notamment la pratique sportive au milieu de la nature dans toute sa majesté), mais aussi et surtout vecteur de motivation, de sens, et d’objectifs pour avancer. L’expression artistique à la fois moteur d’introspection, et d’ouverture au monde avec humilité, déférence, et passion.

Certains de mes amis, par son exigence et son jusqu’au-boutisme, restera donc aux yeux du plus grand nombre une oeuvre tout sauf fédératrice. Mais qui, pour qui passera le premier quart d’heure sans encombres, saura devenir une superbe ode contemplative à l’émancipation, ainsi qu’à la liberté d’esprit créatrices.

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