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Max | Fiesta

Publié le 27 février 2018 par Aragon

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Je marchais sur le sable, c'était comme au début des temps premiers sur Terre...

C'était tout à l'heure entre minuit et une heure. L'ambiance était festive. Je ne sais pas comment, je me suis retrouvé au bord d'un lagon polynésien turquoise. Immédiatement dans mon esprit je me suis dit que l'air ambiant ressemblait à la Pangée, la mer avait tout de Téthys. Que dans cette eau incroyable dans laquelle j'ai immédiatement pensé aller me baigner il devait y avoir des bébêtes pas sympas, amphibiens carnivores, etc. C'était pourtant dans les Landes, sur la côte, ma côte landaise, la plus belle du monde. Incroyablement magnifique.

L'ambiance était donc festive, Ils étaient nombreux, une immense foule de joyeuses-eux luronnes et lurons attablée sous un auvent de tissu curieusement moiré, coloré vert pomme, jaune, orangé, fuchsia, posé à même le sable. L'air était doux, ventilé par d'exquis alizés. Je regardais les gens, mine de rien, un peu gêné, c'était peut-être une party privée. J'ai reconnu "Framboisier" de chez Dorothée, un flot de souvenirs de mercredis-télé quand je gardais mes mômes me sont remontés en vagues chaudes au coeur, Steve Jobs, Patrick Swayze, Charles Ingalls que je ne peux qu'appeler Charles Ingalls, Laurent Fignon, Patrick Roy particulièrement hilare, en veste rouge bien sûr, Demis Roussos habillé d'une façon extravagante,  Claude Nougaro discutait de façon intense avec Luciano Pavarotti qui le tenait par les épaules arborant un magnifique sourire. Plein d'autres que je ne connaissais bien sûr pas. Pas de gaudrioles, pas de gens ivres, mais une ambiance joyeuse, hyper sympa qui donnait envie de s'asseoir à leur table.

J'avançais sur le sable, lentement, je ne voulais pas être comme un chien dans un jeu de quilles, j'étais là par hasard je devais me faire discret. Ils en étaient au dessert et je voyais posée sur la longue table toute une ribambelle de mon gâteau préféré dont je ne connais pas le nom, ce n'est pas un Saint Honoré même si ça a un air de famille : Base pâte sablée discrète en bouche, on pose dessus une fine nougatine craquante-croquante sur laquelle sont collées plusieurs couronnes de petits choux chantilly (évanescente, obligatoirement maison) portant chapeaux caramélisés. De nombreuses bouteilles de Château d'Yquem enfouies dans les glaçons de seaux à vin en  cristal parsemaient la table. Je n'en revenais pas...

C'est Jobs qui m'aperçut le premier, me dévisagea longuement, puis m'invita d'un geste amical à m'approcher. Je quittais le sable, marchais vers lui sur le plancher de l'auvent en caillebotis. Beaucoup me regardèrent avec une infinie bienveillance qui me toucha, pourtant j'arrivais comme un cheveu sur la soupe, je ne les connaissais pas.

J'avais mon vieil iPhone dans la poche de ma chemise et Steve le vit et me demanda presque immédiatement si je pouvais avoir la gentillesse de lui montrer. Je m'excusais, un peu confus, en lui montrant mon iPhone 4, dinosaure qui aura 10 ans cette année, je lui disais que j'aimerais avoir le 6 car celui-là commençait à fatiguer au niveau du bouton poussoir. Il parut extrêmement contrarié par ce problème, très gêné, il s'excusa presque mais je lui dis qu'après 10 ans un téléphone, bla bla bla... Je lui dis aussi que le X venait de sortir mais qu'il était réservé aux émirs du Kuwait. Il sourit, me dit que la qualité exceptionnelle se paie, mais aussi qu'il avait loupé un truc avec son service commercial. Le vulgum pecus (ce fut son terme) devant aussi avoir droit à l'accès aux meilleures technologies, son visage était irradié de gentillesse il n'arrêtait pas de faire tourner mon téléphone dans ses mains puis il me le rendit en m'invitant à m'asseoir à côté de lui, à manger le gâteau dont il ignorait que c'était mon préféré...

Je ne l'ai pas fait, j'ai reculé d'un pas, pourquoi ? J'étais à nouveau sur le sable, je me suis retourné car j'avais quelque chose dans le dos. Une porte. Une porte bizarre, inopportune en ce lieu, une porte comme dans un film de SF, je l'ai ouverte doucement, j'étais chez moi.


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