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Hailu Mergia offre une seconde jeunesse à l'Ethio-Jazz avec Lala Belu. - Delicieuse Musique

Publié le 05 mars 2018 par Delicieusemusique @delicemusique

Hailu Mergia, figure de l’ethio-jazz, revient après 15 ans d’absence sur le devant de la scène avec un nouvel EP et une tournée internationale.
A 71 ans, cet artiste auparavant acclamé en Ethiopie reprend du service cette année avec en guise de comeback, un EP et une tournée internationale, composant la bande son d’un revival d’Ethio-Jazz pour un voyage entre les années 70 et aujourd’hui.
L’Ethio-Jazz, une des nombreuses branches du Jazz, prend ses racines en Ethiopie vers la fin des années 50. Il diffère du Jazz traditionnel dans sa manière de se réapproprier le style en y additionnant les influences locales, ainsi qu’au fil des années le Funk black Américain et la Pop anglosaxonne, sorte de grand écart entre culture éthiopienne et occidentale. L’ethio-Jazz, fortement populaire jusqu’à la fin des années 70, renferme notamment son quota d’artistes talentueux comme que Mulatu Astatke ou bien Mahmoud Ahmed.
Malgré de nombreuses compilations (dédiées aux scènes africaines des années 60 et 70) au succès important et reconnues par des selectors tel que Gilles Peterson, qui cite la série de compilation Ethiopiques comme majeure dans le travail de défrichage musicale, ce genre musical demeure méconnu du grand public. Etonnamment, c’est Hailu Mergia qui bénéficiera, cette fois-ci, du travail d’un autre archéologue musical.
Hailu quitte l’Ethiopie, les tournées et les enregistrements studio en 83, pour Washington au profit d’une « carrière » de conducteur de taxi (qu’il occupe toujours). Dès lors, les tournées s’estompent peu à peu et Hailu ne joue plus que de manière ponctuelle. Sa carrière d’artiste populaire en Ethiopie semble alors prendre fin.
Cependant, l’artiste éthiopien n’eut de cesse de regagner de l’importance ces dernières années. Et ce, grâce quasi-exclusivement, au travail de fourmi de Mr Awesome Tapes From Africa . Ce dernier, a remis au goût du jour ce style hybride avec les ré-éditions d’anciens classiques du claviériste : Wede Harer Guzo, Hailu Mergia and His Classical Instrument, Tche Belew, un à un ovationné tant par la presse spécialisée (PitchFork, New York Times…) que par un nouveau public grandissant.
Au vue de ce regain d’intérêt, Hailu élabore minutieusement un retour sur scène pour 2018 en s’accompagnant d’un bassiste et batteur pour une formation jazz plutôt classique. Hailu quant à lui, se cantonne à ses synthétiseurs et accordéons dont il détient le secret. Ce retour sur scène s’accompagne donc de l’EP Lala Belu, composé de 6 titres entre classiques éthiopiens et compositions d’Hailu.
On y retrouve principalement de longs morceaux où les séquences instrumentales omniprésentes (un seul morceau chanté) oscillent entre Jazz contemporain et Ethio-Jazz. Lala Belu s’ouvre sur un morceau d’introduction de 10 minutes intitulé Tizita ; sans doute un avant-goût des prestations que peut nous livrer le trio en live. Suivi de plusieurs morceaux donnant place à une écoute crescendo qui atteint son apothéose sur le morceau éponyme Lala Belu , exemple parfait de l’Ethio-Jazz qu’il pouvait produire 30 à 40 ans auparavant.
On s’attriste tout de même légèrement, au regard de l’énergie unique des anciens morceaux d’Hailu de découvrir un disque que l’on jugera un poil trop classique et sans réel prise de risques à nos yeux . En effet, on regrette de ne voir apparaître qu’un seul réel morceau du style et d’entendre un son peut être plus conventionnel que nos espérances.
Lala Belu est sorti le 23 Févriersur le label Awesome Tapes From Africa et Hailu Mergia se produira à Paris le 31 mai à la Petite Halle.


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