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Call Me By Your Name (2017), Luca Guadagnino

Par Losttheater
Call Me By Your Name, réalisé par Luca Guadagnino

L’effet de serre sur un verre de jus d’abricot. Des conversations cadencées sur la langue grecque et latine. Des corps d’esthètes sous le soleil d’Italie. Un premier amour. Call Me By Your Name est à peu près tout ça, et bien plus encore. On pense immédiatement à la trilogie Before de Richard Linklater, mais aussi au néo-réalisme italien ou encore à Nous nous sommes tant aimés d’Ettore Scola. Luca Guadagnino nous offre une capsule temporelle dont nous ne voudrions jamais sortir.

Elio a 17 ans. Comme tous les étés, il rejoint la villa familiale située au Nord de l’Italie avec ses parents. Et comme chaque été, il y rencontre un thésard qui vient travailler aux côtés de son père, professeur universitaire. Sauf que cet été-là, il y fait la rencontre d’Oliver, un jeune adulte américain, tout d’abord énervant par sa nonchalance puis fascinant par sa beauté physique et son intelligence raffinée. Il faut dire qu’il a tout pour plaire à Elio, lui-même érudit et petit prodige en musique. Les deux étaient faits pour se rencontrer. Rajoutez à cela le magnifique décor italien, mis en scène d’une manière complètement naturaliste, et vous avez la combinaison parfaite. Call Me By Your Name est adapté du roman d’André Aciman du même nom. A l’instar du texte de l’auteur, Luca Guadagnino épouse le regard du jeune Elio. A travers ses yeux et sans pour autant tomber dans la facilité de la voix-off, l’amour naît et nous rend fascinés par le grand Oliver. Le spectateur est alors transcendé par la reconstitution minutieuse de l’époque (le film se déroule dans les années 80) et cette idylle naissante entre les deux jeunes hommes.

L’adaptation remarquable du roman procure au film cette aura proustienne de l’auteur. La famille est dépeinte sans charge matérielle. De fait, les membres ont tout le loisir de s’adonner au plaisir de la vie. La sensualité s’immisce à travers les gestes lents, presque langoureux, de la caméra. Il y a un jeu permanent entre Elio et Oliver. Je t’aime, moi non plus. Fuis moi, je te suis. La tension crée les rebondissements. Car même si Elio se laisse attirer par la jolie tentation que représente la voisine, Marzia, c’est pour mieux appâter Oliver. Après tout, il s’agit d’une conquête, et chaque instant de Call Me By Your Name en est représentatif. Mais tout tend à se terminer. L’été se construit comme une espèce de climax grandeur nature. Les deux amants finiront sans aucun doute séparés par la vie et leurs pays d’origine. Ici, pas question de malveillance. Les parents d’Elio offrent un tapis rouge aux deux tourtereaux qui se retrouveront dans une dolce vita pour vivre leurs derniers instants ensemble. Jusqu’à cette séquence crève-cœur où le dialogue s’installe entre un père et son fils pour poser les mots justes sur ce que représente cet été. Un été 80’s, chaleureux, dansant, morcelé par une quête d’identité adolescente qui n’a pas peur d’éprouver les moindres de ses désirs et sentiments. Lorsqu’enfin l’été touche à sa fin, c’est le feu qui brûle pour mieux tenter de réchauffer cet hiver bien morne qui s’installe dans nos cœurs et dans celui d’Elio.

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