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« Wormholes » : l’art, une histoire du temps

Publié le 28 mars 2018 par Pantalaskas @chapeau_noir

« Wormholes #1 »

Peut-on figurer un concept ? Non je ne vous pas propose pas un sujet pour le bac de philo. Mais l’exposition présentée par deux commissaires à la galerie Laure Roynette à Paris nous place en face de cette interrogation. C’est dire si « Wormholes #1″ mérite une attention particulière. De quoi s’agit-il ?  « ‘Wormholes #1 » constitue le premier volet d’une double présentation dont la seconde manifestation aura lieu à la Ruche de Paris fin avril.

« Wormholes » : l’art, une histoire du temps
Pour tenter d’apporter des réponses à notre questionnement, encore faut-il comprendre ce qu’est un wormhole : » Un wormhole (trou de ver), en physique, est un objet hypothétique qui relierait deux feuillets ou deux régions distinctes de l’espace-temps, comme une sorte de raccourci. » On ne m’en voudra pas de rester perplexe face à cette réalité qui n’en peut-être pas une, de manifester mon désarroi face aux notions impalpables d’espace et de temps. C’est pourtant en s’appuyant sur ce concept que l’exposition délivre ce télescopage spatio-temporel au service d’une exposition collective appliquant cette idée au travail d’artistes « mêlant consciemment, de manière tangible ou symbolique, différents espaces-temps dans leur œuvre, comme un raccourci liant deux régions/époques distinctes de l’art — ou plutôt des représentations humaines. »

« Wormholes » : l’art, une histoire du temps

Dessins de Mathieu Weiler série « Histoire de l’art »

L’artiste Mathieur Weiler, co-commissaire, après son exposition de l’an passé dans la même galerie, donne la mesure de cette proposition. En soumettant « L’Histoire de l’Art » d’Ernst H. Gombrich à l’épreuve du feu, il souhaitait désigner son acte destructeur comme la consumation rédemptrice d’une culture renaissant de ses cendres.

La première œuvre qui pourrait nous ouvrir cet espace inconcevable est celle du peintre Emmanuel Régent qui, avec sa « Nébuleuse », donne à voir à travers les couches de peinture attaquées par la ponceuse, une image inédite d’un univers révélé par l’espace de la toile et le temps de son érosion.

« Wormholes » : l’art, une histoire du temps

« Nébuleuse » Emmanuel Régent[

« Images d’images »

Mais il faut aller au-delà de cette représentation pour appréhender les liens invisibles qui relient dans les œuvres des autres artistes ces espaces-temps hypothétiques. Et notre question de départ « Peut-on figurer un concept ? » resurgit avec la notion développée par le co-commissaire Clément Thibault : les images d’images : « « Ces images d’images sont les témoins d’un devenir du monde, où l’identité devient liquide et plurielle, où l’histoire se fait rhizome plutôt que racine, où les hiérarchies (culturelles, de genre…) s’abolissent.  »
A l’échelle si peu mesurable de cet univers mouvant, de cet espace si complexe, la seule présence de l’homme sur terre se perçoit comme un minuscule moment dans cette histoire instable. C’est dire combien est infime ce qui sépare l’artiste pariétal de l’artiste contemporain. Et la notion même d’art contemporain explose alors dans ce wormhole.
Si bien que toutes les propositions visibles dans la galerie peuvent exprimer cette contraction du temps rendant tous les artistes de toutes époques solidaires d’une même interrogation sur leur présence au monde. De la collision des signes dans les œuvres de Léo Dorfner aux montages anachroniques de Tim Stokes associant des masques africains trouvés aux puces avec des moulages de bustes romains, l’exposition s’emploie à nous rendre visible ce qui ne l’est pas, à figurer ce qui est reste un concept.
La véritable exposition deviendrait alors non pas ce qui est montré, mais tout ce qui relie virtuellement à travers l’espace et le temps tous les signes que les hommes et les femmes de toutes époques ont placé sur le chemin des civilisations pour tenter de comprendre, de situer leur présence dans cet espace-temps sommes toutes incompréhensible.

Photos: Galerie Laure Roynette

Wormhole.s #1 / temps /
Léo Dorfner, Hughes Dubois, Hippolyte Hentgen, Laurent Grasso, Emmanuel Régent, Tim Stokes, Nicolas Tourte, Mathieu Weiler.

Du 15 mars au 21 avril 2018
Galerie Laure Roynette
20 rue de Torigny
75003 Paris


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