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Eugène Onéguine à l'opéra Bastille

Publié le 19 septembre 2010 par Quaesita

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Du 17 septembre au 11 octobre 2010LudovicTézier est l'Eugène Onéguinede Tchaïkovski à l'opéra Bastille dans une mise en scène de Willy Decker. Inspirée du roman éponyme de Pouchkine, cet opéra est composé en 1878. Jeune dandy pétersbourgeois, Eugène Onéguine vient de toucher un héritage et se retire à la campagne où il retrouve son ami Lenski (Joseph Kaiser) qui va se fiancer avec Olga. La soeur de sa promise, Tatiana (Olga Guriakova), tombe éperdument amoureuse d'Onéguine qui reste sourd à sa déclaration. S'ennuyant à un bal où Lenski l'avait convié, il tente de séduire Olga. Lenski, furieux, le provoque en duel où il meurt. Onéguine doit quitter la région. Tatiana se marie avec un riche vieillard et devient une femme splendide qui fréquente la haute société. Deux ans plus tard, Onéguine la rencontre, tombe amoureux d'elle et se repend amèrement de l'avoir éconduite.

Le baryton Ludovic Tézier incarne superbement un Eugène Onéguine froid et hautain et partage la scène avec un Joseph Kaiser romantique et passionné. Le baryton Greg Nikolski chante d'une voix puissante et époustouflante.

La mise en scène épurée met en exergue le drame psychologique qu'est avant tout ce roman de Pouchkine; il fut reproché à Tchaïkovski d'avoir pris de trop grandes liberté avec le texte original, mais les scènes dites psychologiques (celle de la lettre, l'air de Lenski...) lui restent très fidèles. Le rôle de Tatiana est incontestablement le plus fouillé, le plus profond. La scène de la lettre est la scène romantique par excellence où le personnage passe par tous les doutes.

Onéguine, lui, semble d'abord superficiel, poseur. "Sa chrysalide s'ouvre à la fin; c'est très beau, mais c'est trop tard", explique Ludovic Tézier. Tchaïkovski a su retranscrire la poésie de Pouchkine, imposant cet opéra comme "l'oeuvre témoin du romantisme russe".

On danse beaucoup dans Eugène Onéguine. Quel plaisir que la scène des paysans (le choeur) qui forment une ronde et esquissent des pas de danse traditionnelle russe! On voudrait s'y glisser, se dandiner et chanter à tue-tête avec eux. Ludovic Tézier parle d'ailleurs de "ballet vocal". Les jeux de lumière sont par ailleurs remarquables, surtout à la fin lorsque, sur le plateau sombre, le choeur tout de noir vêtu s'avance menaçant vers Tatiana tétanisée. Et soudain, seul le visage blafard d'Onéguine torturé dans la lumière crue. Tatiana s'en va. Il tombe. Rideau.

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