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Morgan Geist - The Driving Memoirs (1997)

Publié le 04 juillet 2008 par Oreilles

The Driving Memoirs est une pièce d’électro-disco minimaliste fortement désabusée et parfois franchement déprimante. La sécheresse des beats, la rareté de la basse et l’intense répétition des boucles décourageront certainement le néophyte dès les premiers titres. Difficile d’accès et pas dansable pour un sou, ce premier album reste cependant le meilleur moyen de comprendre l’évolution de celui qui, aux côtés de Darshan Jesrani, lâchera cinq ans plus tard l’une des plus grosses bombes électroniques des années 2000, j’ai nommé : Metro Area.
Inspiré tout autant par Detroit, qu’il découvre sur le tard, que par New Order et les B52s, Morgan Geist est surtout l’un des premiers producteurs de l’ère numérique à s’être penché sur le versant obscur du disco (la “leftfield disco”, comme disent les Britanniques), qu’il célèbre depuis 1995 sur son label Environ. Si ses travaux ultérieurs, comme ses remixes de Telex (le fantastique “Rendez-vous dans l’espace”) ou The Rapture (“House of jealous lovers”), déroulent des basses charnues dans des atmosphères plutôt happy, on nage ici dans une sobriété terrassante. Et pour cause : l’album est dédié à la soeur du musicien, disparue quelques mois auparavant dans un accident de voiture.
La sonorité presque comique des synthés vintage est contrebalancée par des cassures rythmiques incessantes et des nappes tristes et amples - élégiaques, pourrait-on dire. “Self init” s’apparente dès lors à une réflexion sur l’écoulement du temps et la fragilité de la vie, tandis que le “Linking tunnel” guide lentement mais sûrement l’auditeur vers cette lumière spectrale que ceux qui ont frôlé la mort disent avoir aperçu. Même les tracks les plus enjoués, le très jazzy “This too shall pass”, avec ses breaks étranges, ou le housey “Detoured” semblent avoir été conçus pour contrarier ceux qui voudraient remuer leurs popotins. En alimentant ainsi notre frustration, Geist réalise mine de rien un disque parfait pour les mélomanes masochistes, une espèce à laquelle je me targue d’appartenir.
En bref : Avec ce premier essai aride à l’esthétique radicale, Morgan Geist prouve que le disco peut être triste, lent et méditatif. Un album important dans l’histoire de la musique électronique, sans lequel Lindström et Prins Thomas ne seraient peut-être jamais parvenus à nos oreilles.


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