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Bête en cours, elle n'aura pas son bac

Publié le 04 juillet 2008 par Nicolas J
Voilà l’horrible jeu de mots que me sortait mon pote le Vieux Jacques à chaque fois qu’on parlait d’Ingrid Betancourt. Je suis bien content qu’elle soit libérée : il va arrêter. Je suis aussi bien content pour sa famille et pour elle. Pour le reste, je m’en fous.

Elle n’est pas blogueuse et ne pourra pas faire de lien sur PMA pour faire monter ses classements. C’est une femme politique de droite qui a choisi d’aller faire de la politique dans un pays un peu dangereux et qui a fait une excursion dans la forêt alors qu’on lui avait dit de ne pas y aller car elle risquait de se faire prendre en otage.
Sa libération ne nous fera pas oublier les milliards d’autres otages en Colombie.
Cette libération est survenue opportunément alors que j’avais annoncé que je serai loin des blogs pendant 36 heures. Je n’ai donc fait aucun billet sur le sujet. Je n’ai d’ailleurs lu aucun billet sur le sujet alors que j’ai vu que la moisson avait été bonne. En fait, j’ai refusé d’aller lire les platitudes sorties par mes collègues – qui sont probablement tous persuadés d’avoir fait le meilleur billet sur le sujet – pour être libre de sortir mes propres platitudes – en étant persuadé de pondre le meilleur billet.

Que pense-je de cette histoire ?

Pas grand-chose. Je vais diffuser une photo du fils de la dame. Il est très photogénique. Ca fera plaisir à mes lectrices encore plus âgées que moi et à mes lecteurs homosexuels.
N.B. : Vous pensez bien que Tonnegrande ne connaît pas technorati. Sinon je ne prendrais pas le risque de me faire casser la gueule.
Je suis circonspect. Je traduits pour mes copains gauchistes illettrés : « ce bordel me parait louche ». On nous présentait il y a quelques mois une vidéo de la dame presque mourante, toute maigre. La voilà maintenant dans une forme presque olympique et dans des formes que ne renierait pas mon copain Djibril.
Toujours est-il qu’elle a été libérée grâce à Nicolas Sarkozy. Je le sais. C’est mon copain Jim qui me l’a dit. Nous ne sommes pas sur le blog familial et bistrotesque mais je vais vous raconter ça malgré tout. Il n’y a pas de mal à se faire du lien. Je vais faire néanmoins court, il s’agit de ma vie privée.
Hier, j’étais en déplacement pour le boulot (ce qui explique mon éloignement du blog) mais un miracle à fait que j’ai pu réussi à prendre un avion assez tôt… mais trop tard pour que j’ai le temps de repasser au boulot. Je me suis donc pointé dans mon quartier général Comètien de bonne heure… mais trop tôt pour que j’ai le temps de passer aux rafales de pressions. Je me suis donc installé en terrasse avec mon Canard Enchaîné que je n’avais pas fini dans l’avion trop occupé à consoler mon collègue qui n’arrêtait pas de vomir à cause des turbulences.
Le décor est planté.
Jim est le serveur de ce quartier général. Il ne s’intéresse pas du tout à la politique. Son principal sujet de préoccupation est de savoir dans quoi il va planter son poireau la prochaine fois que sa fiancée sera partie en week-end chez ses parents. Je précise que, pour moi, ce n'est pas un serveur, c’est un ami : passer des heures tous les jours dans un rade pendant deux ou trois ans, ça crée des liens. On est même parti en vacances ensemble l’été dernier. A l’heure où je suis arrivé hier, il n’y avait pas beaucoup de clients. Il était donc très disponible pour entamer une bavette.
« Tu as vu » me dit-il « Nicolas Sarkozy a réussi à faire libérer Ingrid Betancourt ».
« Mais non » lui réponds-je « il n’y est pour rien, tu as vu ça où ? »
« A la télé hier soir » me rétorque-il « je l’ai regardé de minuit » (heure de la fin de son service) « jusqu’à 2 heures du matin, ils ne parlaient que de ça ».
Voilà l’histoire. Des professionnels de la communication. Pendant qu’on passe notre temps à argumenter sur nos blogs, la communication Sarkozyenne arrive à persuader les gens pas intéressés par la politique – mais néanmoins électeurs – que c’est Nicolas Sarkozy lui-même qui est à l’origine de la libération… Toi lecteur ! Tu es arrivé jusqu’ici. Pardon. Vous lecteurs ! Vous êtes arrivés jusqu’ici parce que vous vous intéressez un tantinet à la politique. On oublie souvent qu’il y a environ 10 millions de Français qui s’en foutent totalement et qui était attendri par Ingrid Betancourt… Il suffit de leur dire « Supersarko l’a libérée » et ils y croient.
Ainsi, Ségolène Royal a eu raison de dire que Nicolas Sarkozy n’y était pour rien. Le fait qu’elle soit presque la seule à oser ouvrir sa gueule lui donne encore plus d’audience et de crédibilité… Et le fait que François Fillon dit qu’il la trouve « indigne » lui fait perdre, à lui, sa crédibilité politique, puisqu’il pousse toute la presse à parler de sa rivale.
Mais comme les gens, comme moi, n’y comprennent rien, c’est sa popularité à lui qui monte pendant que son chef descend. Il va être temps de trouver quelqu’un d’autre à libérer.

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