À la fête des fous,
moi j’irais bien.
Je viendrais de Dieu sait où
–et personne ne le saurait–
les lèvres gercées
d’avoir fait la vie,
colporteur de chansons
à cheval sans bride.
Quel appât s’accroche–t–il
à ma gencive ?
L’Amour, étoile amère
à la dérive,
me fait des signes : je vais
sur l’autre rive,
colporteur de chansons
à cheval sans bride.
Les chaînes sont des prisons,
moi j’en fuyais
par le coin des brigands
à l’aube.
À la fête des fous,
moi j’irais bien.
Colporteur de chansons
à cheval sans bride.
*
Brida
A la fira dels Folls
jo hi aniria.
Vindria qui sap d’on
-i ningú no ho sabria-
amb els llavis oscats
de molta vida,
traginer de cançons
en cavall sense brida.
Quin esquer se m’arrapa
a la geniva?
Amor, estel amarg
a la deriva,
em fa senyals: jo vaig
per l’altra riba,
traginer de cançons
en cavall sense brida.
Cadenes són presons
i jo en fugia
pel call dels bandolers
a trenc de dia.
a la fira dels Folls
jo hi aniria
traginer de cançons
en cavall sense brida.
***
Maria Mercè Marçal (1952-1998) – Bruixa de dol (1977-1979) – Sorcières en deuil (A.F.C, 2011) – Traduit du catalan par Michel Bourret Guasteví.