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A$AP Rocky « TESTING » @@½

Publié le 25 mai 2018 par Sagittariushh @SagittariusHH
A$AP Rocky « TESTING » @@½ - Hip-Hop/Rap

A$AP Rocky « TESTING » @@½

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Troisième album d’un des rappeurs les plus surestimés de sa génération. Après des mois de teasing et une série de singles qui m’ont suscité l’intérêt d’un poisson mort, TESTING d’A$AP Rocky est dans les starts blocks depuis le 25 Mai. À nous de jouer les cobayes de ses expériences sonores, en mode « ça passe ou ça casse ».

Les premières secondes ressemblent à ces espèces de bidouillages de sono et de modulation de fréquences audio qui font bourdonner les oreilles. Pour avoir testé l’album en voiture à volume raisonnable, c’est très gênant pour les tympans. Il aurait fallu faire gaffe parce que c’était écrit dessus, la track 1 s’appelle « Distorted Records » et son aspect électro rappelle « Satisfaction » de Benny Benassi, en plus dark. La seconde piste est le single « A$AP Forever« , ou plutôt son remix avec T.I. (pour du blabla en intro) et Kid CuDi. Sa présence imprévue initialement est sans doute la meilleure idée de l’album, histoire de palier le sample de « Porcelain » de Moby trop facile et à peine retravaillé, et qui se prolonge inutilement pendant plus d’une minute.

Le reste ça part en modérément en vrille, ou en hors-piste. J’allais écrire au début de la chronique « attention, attachez vos ceintures », mais ça n’aurait pas été pour encaisser les accélérations, G dans les virages et freinages tardifs au sens métaphorique. Dans le cas présent, il s’agirait de s’accrocher à la poignée de maintien parce que le mec qui tient le volant se prend pour un pilote. Produit principalement par lui-même (sous le nom de Lord Flacko) et Hector Delgado, TESTING sonne comme une succession de démos retravaillées par un ingé son stagiaire. Le premier morceau aurait du mettre la puce à l’oreille. Mais chut, paraît que c’est de l’art. Une chose est sûre, sans savoir si c’est directement lié à la disparition de A$AP Yams, le caractère beast coast du ASAP Mob, cette ambiance ténébreuse des débuts, est partiellement diluée depuis la disparition d’A$AP Yams, ce qu’on a tristement constaté sur la dernière mixtape du A$AP Mob et le second solo de Ferg. L’apport des (trop) nombreux co-producteurs ne s’entend pas dans ce travail d’amateur, que ce soient DJ Khalil, Rico Love, Boi-1da… Même les featurings, on ne se rend pas tout de suite compte qu’ils sont là à moins de lire le tracklisting, que ce soit Fka Twigs, Kodack Black, French Montana ou Frank Ocean (si si, lui aussi). Sans parler de ceux non-crédités qu’on a du mal à deviner dans le son étouffé en background, à part peut-être Puffy sur « Tony Tone« . Rien de chaotique pourtant, mais rien d’attirant. La faute à des essais qui tombent à plat : la collab avec l’Anglais Skepta, la berceuse « CALLDROPS« , « Kids Turned Out Fine » où ça chantonne sur un fond de rock, ce côté « wah quel rebelle gentrifié » sur « Fukk Sleep« …

Quelques titres sortent du lot, pas de beaucoup mais il y en a, enfin c’est juste subjectif. D’abord « Gunz N Butter » avec Juicy J, mais pas forcément grâce à ce featuring, mais pour cette espèce d’ambiance chelou qui était très prenante sur leurs premières mixtapes (merci les samples de Tommy Wright III et Project Pat). Le beat de « OG Beeper » possède un côté old school accrocheur, un effet rétro pour resituer le contexte du morceau où A$AP Rocky raconte une jeunesse qui n’a rien d’extraordinaire (genre « on faisait des trucs wah c’était ouf quoi »). On a le droit de kiffer un rappeur juste parce qu’il tend son majeur à chaque occasion. Parmi la kyrielle de producteurs qui se bousculent sur les crédits, Clams Casino, le grand absent de At Long Last ASAP, relève le niveau avec « Black Tux, White Collar » pour un titre gangsta rap d’opérette atmosphérique.

C’est vrai que derrière l’ennui que me procurait ALLA il y avait de la recherche qui a abouti à quelques coups d’éclat. Mais à trop vouloir persister à faire un album rap qui ne ressemble à aucun autre, TESTING patauge dans une soupe fade, à l’image du manque de goût vestimentaire d’A$AP Rocky. C’est pas le tout de croire qu’on a du style parce qu’on peut se permettre de faire ce qu’on veut, c’est surtout de faire en sorte que ça ressemble à quelque chose. Dans la course pour les ventes mais deux étoiles et demi au crash test. Beaucoup de bruit pour rien.


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