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13 Reasons Why (saison 2), Brian Yorkey

Par Losttheater
13 Reasons Why créée par Brian Yorkey

On se posait la question de la légitimité pour une saison 2 à la série de Brian Yorkey, 13 Reasons Why. Pourtant cette nouvelle fournée d’épisodes prouve que le récit était loin d’être clos. En faisant s’entremêler présent et passé, tout en alternant les points de vue prouvant qu’il y a toujours deux vérités à une seule et même histoire, la série évite de tomber dans la redite. Alors que la première saison évoluait au rythme des cassettes laissées par Hannah après son suicide, la saison deux joue la carte du procès même si elle est loin de se cantonner à l’espace clos juridique.

Exit les cassettes audio, place aux Polaroïds. Le papier glacé instantané remplace la voix enregistrée d’Hannah. Le relai est intelligent, dans le sens où il fait suite logique à la première saison où l’image avait déjà une place importante dans le récit. Ici, elle est vectrice de narration et répond à chaque fait intimé par la voix d’Hannah lors des épisodes précédents. Alors qu’il ne pouvait que s’imaginer les scènes, retranscrites en flashbacks pour les spectateurs, Clay perçoit l’horreur directement sur photos. Ses interactions avec Hannah s’intensifient à travers des apparitions fantomatiques de la jeune fille à qui il s’adresse directement. Hannah reste le fil rouge du récit. Une présence qui pèse sur chacun des personnages, réagissant de manières différentes aux conséquences de son suicide. Alex, qui s’est tiré une balle dans la tête et en réchappe, subit de lourdes séquelles motrices. Jessica, quant à elle, se sent étrangère face à son corps après le viol subit par Bryce. La culpabilité les pèse et les rend d’autant plus en état de fébrilité.

Seul regret face à la saison deux, la distance créée avec  le spectateur qui perd en intensité par rapport à l’intimité qui était alors provoquée par l’écoute des cassettes dans la première saison. Ici, malgré tout, la dynamique reste toujours intacte. Les auteurs n’ont pas voulu faire un simple copier/coller de la structure des premiers épisodes de 13 Reasons Why. Ici chaque épisode répond à une audience lors du procès des parents d’Hannah contre son lycée. La voix-off d’Hannah n’est plus la seule à répondre à ce que nous voyons à l’écran, celle de chaque témoin ou accusé vient se répercuter à l’image. Clay n’est plus non plus le seul témoin direct des propos d’Hannah. Chacun des personnages vient établir sa propre vérité, apportant des contrastes à la personnalité (loin d’être lisse) d’Hannah. Bien sûr, il y a des mensonges, des révélations mais aussi des vérités que l’on connaissait déjà et qui sont ici rétablies. Le mode procédural se joue tout en nuances. L’idéalisation que l’on pouvait porter sur la jeune femme s’évanouit peu à peu. Comme Clay, on déchante à la révélation de certaines vérités. L’ombre du viol plane pourtant toujours aussi intensément sur une bonne partie de la saison, notamment après la découverte du Clubhouse où les joueurs de l’équipe de baseball amènent leurs conquêtes et en abusent. Les Polaroïds sont juste un moyen d’acheter leur silence. 13 Reasons Why continue d’interroger sur la complexité des personnes. Hannah était peut-être une victime, elle a pourtant elle-même un passé d’harceleuse et n’était pas toujours honnête. C’est l’importance de cette série qui rappelle qu’il faut aussi s’accepter soi-même pour parfois comprendre celui en face de nous. L’écriture doit beaucoup à sa justesse, sa complexité et les nuances qu’elle dépeint sur chaque portrait d’adolescent. Lorsque le drame a eu lieu, il faut choisir de se relever pour vivre. C’est une leçon de vie, pas de morale. Hannah était une lumière qui nous le rappellera sans cesse.

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