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Le maitre et Marguerite dans la mise en scène d'Igor Mendjisky

Par A Bride Abattue @abrideabattue
Le maitre et Marguerite dans la mise en scène d'Igor MendjiskyIgor Mendjisky a adapté Le maitre et Marguerite. Il en a imaginé une mise en scène très foisonnante que le public parisien découvrira à la Tempête jusqu'au 10 juin.
La pièce migrera au festival d'Avignon (à 19h40 au 11 Gilgamesh Belleville). Elle sera en tournée à la rentrée et vous pourrez par exemple le retrouver les 12 et 13 mars 2019 au Théâtre Firmin Gémier La Piscine de Chatenay-Malabry (92).
Igor est jeune (35 ans), est comédien et metteur en scène, d'origine polonaise ... et ce qu'il aime le plus c'est raconter une histoire. Le chef d'oeuvre de Boulgakov était une mine pour réfléchir à une scénographie qui relève (positivement) de la performance (les puristes diront qu'il s'agit d'un théâtre de tréteaux), avec parfois l'accent de l'improvisation.
Certaines scènes sont d'ailleurs réinventées chaque soir en fonction des interactions avec le public, invité à monter sur scène. La disposition trifrontale facilite la proximité entre les comédiens et les spectateurs dès leur entrée dans la salle. On remarque notamment Ivan (Igor Mendjisky) qui scrute silencieusement l'assemblée, assis sur une simple chaise, dans un des coins.
L'intrigue est complexe parce que trois histoires se croisent et que de nombreux passages sont dans une autre langue que le français (parfois en araméen, mais toujours surtitrés) comme la rencontre entre Ponce Pilate et Yeshoua Ha-Nozri (Jésus). On suivra tant bien que mal l’histoire d’amour entre le Maître et Marguerite. Et Moscou des année trente ressuscitera par moments.
Du coup je ne décrirai pas l'enchainement des scènes.
Je me limiterai à dire combien certaines sont belles, poétiques, à la limite du surréalisme, par exemple quand le magicien Woland (Romain Cottard) suggère à Marguerite de devenir une sorcière et qu'on la voit chevaucher un balai et s'envoler. Il a auparavant multiplié des tours de magie noire, avec pour conséquence de nous montrer un oeil à l'envers et d'envoyer Ivan dans un asile psychiatrique et Berlioz à Yalta. Et juste avant il aura secoué nos consciences en posant un billet de 5 euros sur une chaise et annoncé que le spectacle ne reprendrait qu'une fois que quelqu'un aura osé monter le prendre.
Comme ça marche il récidive avec 20 euros ... et même 100. Vous voilà informés. Entrainez-vous à courir et à sauter.
Certains moments sont carrément loufoques. J'ai été surprise d'entendre l'énorme succès de la star portoricaine Luis Fonsi de l'année dernière sur les ondes, Despacito (et non pas El Pasito comme j'ai pu le lire ...) avec l'invitation au public de danser si le coeur lui en dit.
La musique est d'ailleurs étonnamment utilisée au cours du spectacle : chaque tableau est introduit par une musique. Avec beaucoup d'éclectisme entre la Marche hongroise de la Damnation de Faust de Berlioz, Sympathy For The Devil des Rolling Stones (dont les paroles sont "raccord" avec la pièce puisqu'il y est question de Jesus-Christ et de Pilate), Ameno qu'Era a créé en 1996, et puis à la fin Just a perfect day, entendu pour la troisième fois au théâtre en quelques semaines (dans Papa va bientôt rentrer et dans le Lauréat), entonné par un mystérieux gros chat (Alexandre Soulié) et qui fait écho à Une si belle journée dont il est question au début du spectacle.
C'est sur cette chanson, interprétée avec originalité, mais qui ne plaira pas aux puristes qui ont en tête la voix de Lou Reed, que la soirée prend fin alors qu'un ciel de feu irradie sur le cyclo en fond de scène. J'ai retenu la réflexion d'une spectatrice en sortant de la salle : c'est particulier.
Le qualificatif résume bien ce théâtre parfois déroutant, toujours créatif, élégant et souvent onirique, servi tambour battant par des comédiens excellents qui nous interrogent sans répit sur le bien et le mal. le metteur en scène souhaitait que le spectateur soit placé au cœur de la folie de Boulgakov. On dira que c'est réussi.Le maitre et Marguerite dans la mise en scène d'Igor MendjiskyLe maitre et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov
Adaptation et mise en scène d'Igor Mendjisky
Texte publié à L'Avant-scène Théâtre
Scénographie Claire Massard et Igor Mendjisky
Avec : Marc Arnaud, en alternance avec Adrien Melin, Romain Cottard, Pierre Hiessler, Igor Mendjisky, Pauline Murris, Alexandre Soulié, Esther Van den Driessche, en alternance avec Marion Déjardin, Yuriy Zavalnyouk
Lumières Stéphane Deschamps
Costumes May Katrem
Vidéo Yannick Donet
Du 10 mai au 10 juin 2018
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h
Théâtre de la Tempête
La Cartoucherie, route du champs de Manoeuvre 75012 Paris
Réservations : 01 48 08 39 74

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