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A Blast from the Past #2

Par Toli

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En février dernier, je terminais “A Blast from the Past” de cette façon :

Je me souviens des visages et des prénoms : Valentin, Adrien, François, Alexis, Geoffrey, Oliver, Ravi, et tous les autres… Un brin de nostalgie et un brin de fierté. J’aime savoir ce qu’ils sont devenus. J’aime les croiser par hasard. J’aime l’idée qu’ils se souviennent encore de moi. J’aime l’idée de les avoir marqués, comme ils m’ont marqué. J’aime l’idée de leur avoir donné envie.”

Just a piece of sky

Le principe des coïncidences, c’est qu’on ne s’y attend pas. Voici plusieurs nouveaux épisodes entre des anciens élèves et leur prof d’anglais de collège Monsieur Toli.

Gare S.N.C.F. d’une ville de la banlieue nord de Paris, début mai. Je viens de déposer ma voiture au parking après quelques jours dans le Vexin. Départ chargé et accompagné vers Paris. Juste avant de sortir mon passe Navigo, j’entends un “Mais, c’est M’sieur Toli O.” Faut que je vous explique que lors de mon arrivée dans ce collège du Val d’Oise, un des profs en poste depuis de nombreuses années avait le même nom de famille que moi. Le chef d’établissement d’alors avait, pour des questions informatiques, ajouté la première lettre de nos prénoms pour nous différencier. Certains élèves avaient cours avec “Monsieur Toli M” et “Monsieur Toli O”. Et ça m’a suivi :

  • “Bonjour, monsieur Toli O”.
  • “T’as vu Toli O est absent vendredi”.
  • “Euh, M’ssieur, c’est vrai que Toli M c’est votre père ?”.
  • “Mais y’avait votre nom au tableau des absents alors je suis resté chez moi.”

Sept ans plus tard, vers 23 heures, quand j’ai entendu “Mais c’est Monsieur Toli O ?”, j’ai compris à cet instant qu’il s’agissait d’un ancien élève. J’étais son prof principal. Il était en 6ème et terrorisait plus de la moitié du collège. Il avait un frère jumeau dans la même classe. Impossible de ne pas me souvenir d’eux. Ils m’en ont fait baver. Le plus drôle, et pathétique, c’est quand il a neigé et qu’après la récré, ils se sont mis à chanter “Petit Papa Noël” en plein cours d’histoire-géo. Ils ont fini par dépasser “les bornes du collège” et l’ultime sanction a été prononcée : exclusion définitive. Un retour en pension pour échapper ainsi aux problèmes familiaux et sociaux. Instabilité et manque d’affection. Rapport à l’argent surprenant. A tout juste 11 ans, ils savaient reconnaître les flics en poste devant le collège, s’ils faisaient ou non partie de la B.A.C. Bref, ce grand gaillard d’une vingtaine d’année était entouré de deux jeunes filles sublimes. On a discuté quelques instants, nous ne pouvions pas louper le train. J’étais ravi d’apprendre qu’il avait un emploi stable, à un endroit où la plupart des profs ne l’aurait pas imaginé. Et d’un coup, je me suis souvenu des conseils de classe, des rendez-vous avec la mère, puis du père, des coups de ceinture, des voitures cassées, des dégradations, et du conseil de discipline. Il s’en sort, c’est l’essentiel. Et visiblement très bien. Tant mieux.

Facebook & Avignon. Voilà comment ça a continué. Je m’abonne à deux ou trois groupes sur le festival d’Avignon en prévision des vacances à venir. Des “friend requests” tombent dont une concernant une pièce de théâtre. Je regarde les noms. Celui du metteur en scène me dit quelque chose. Flashback. J’avais son fils en initiation d’anglais en CM1-CM2 dans une toute petite école bien gentillette du Vexin. J’avais sa fille en classe de 4ème. Des bribes remontent : Titanic, Romeo & Juliet, Henry VIII, les élections, etc. Je fouille les amis de Monsieur “le père”. Je retrouve le fils et la fille. Et là, c’est l’effet “boule de neige”. Paul-Henri, Joséphine, Alexis, Geoffrey et J.B. Cinq anciens élèves en un weekend ! Je deviens “ami facebook” avec les deux premiers puis tout s’enchaîne.

Alexis. 19 ans. Je reçois un message pour devenir son “ami”. Explication donnée : “quand j’ai vu “Paul-Henri C. et Toli O sont maintenant amis“, j’ai fait “ooooh trop fort !!” Je consulte son profil. S’en suit une série d’échange via Facebook où Alexis me justifie son statut politique “anti stalino-sarkozo-hitlerio-napoléonisme” J’apprends qu’il a eu une très bonne note au bac, qu’il entre en B.T.S. communication en alternance. Et puis viennent les questions et le tutoiement. Comme il dit : “j’ai vu sur ton facebook (oui je me permets de tutoyer mon prof d’anglais du collège maintenant, mais où va le monde ?!) que tu étais assez passionné de musique alors je te souhaites aussi une bonne fête de la musique !” Echanges sur la musique, le stage à trouver pour le B.T.S. Et puis la petite phrase qui touche arrive sans prévenir : “En tout cas ça fait plaisir de reparler au monsieur qui a osé emmener des 6ème en Angleterre un jour ! De mon côté j’y suis retourné une seule fois avec ma copine, ce mois de janvier-ci… à Londres…aaaaaah Londres…quelle ville !”

Geoffrey. 19 ans, la Guinness à la main sur sa photo Facebook. Opinion religieuse facebookienne : “chouchénitholigie”. Statut politique : “KHOMMUUUUUUUUNISTE”. Il habite toujours dans son petit village qu’il surnomme, non sans ironie, “cette grande mégalopole” Etudiant en Géographie pour “faire un master pro si tt va bien, en environnement… ou alors ce sera l’aménagement du territoire, les transports ou la gestion des risques naturels…”. Et là, c’est la petite preuve qui fait du bien par où ça passe : ” en tout cas ça fait très plaisir de te recontacter! on a eu une bonne surprise! en écrivant, bcp de souvenirs me reviennent du collège… mon premier 20/20 grace a toi… sans doute le seul de ma vie !! mais aussi la primaire…argh! le bon temps!! le goûter anglais!! mmmmmmm!” Un goûter préparé dans le cadre de la semaine du goût à l’école : Earl Grey Tea, Carrot Cake fait maison, sandwiches concombre-Philadelphia, sandwichs au Peanut butter, biscuits au gingembre, Disgestives, et tout ça. Un vrai délice, ce goûter - où comment se mettre une classe entière dans sa poche en faisant tout simplement partager sa passion pour la bouffe anglaise !

J.B. Encore plus surprenant côté “rencontre virtuelle”. J.B. n’est tant pas sur Facebook mais sa soeur étant une des amis d’un des élèves qui venait de devenir mon ami Facebook (vous suivez ?), c’est elle qui m’a contacté : “Bonjour, je n’ai jamais été l’une de vos élèves mais je vous ajoute de la part de mon frère, vous souvenez-vous de mon frère ?”. Et là, évidemment, le nom de famille, le fond de la classe, l’élève qui était responsable du cahier de textes de la classe. Un élève discret. Une maman qui s’occupait de lui. Je réponds avec plaisir à sa soeur, et elle m’écrit à nouveau : “Il sera touché que vous vous souveniez de lui … je sais que vous avez été l’un ou le prof le plus important dans son évolution dans ce collège donc forcemment.” Je suis ravi d’apprendre qu’il bosse dans un milieu qui lui plaît bien (l’impression des affiches de cinéma), Un vrai job, après de vraies études qualifiantes (B.E.P. infographie, bac pro, etc.). Sa soeur me donne son M.S.N., je l’ajoute, et là, il me dit “Bonjour monsieur”. C’est bien la première fois qu’on me dit “Monsieur” sur M.S.N.

à suivre…

© 2008 - { Absolutely Awesome }


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