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Chalon dans la rue 2018 (4)

Publié le 27 juillet 2018 par Onarretetout

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Je m’appelle, texte d’Enzo Cormann, par Garniouze INC.

Cette « esquisse d'un mémorial des victimes d'un siècle de guerre (économique) mondiale » a été écrite en 1999. Un texte qui ne parle pas que du passé, bien que le premier à parler dise être né en 1912. L’énumération comme une litanie introduite pas ces mots « je m’appelle ». Puisque personne ne les appelle, ces hommes broyés par le travail, la guerre, la misère, la vie difficile, la prison, la surveillance permanente, la maladie et, malgré tout, cette volonté de vivre, cette évasion d’un lieu de détention, ces petits boulots comme on dit parfois mais qui n’ont de petit que le salaire quand il y en a un… « Je m’appelle », d’Enzo Cormann vient après « Rictus ». Celui-ci parlait du début de l’ère industrielle, il évoquait la vie des pauvres, des mendiants du XIXe siècle finissant ; celui-là traverse le XXe siècle, ses guerres, l’exploitation de la classe ouvrière, la politique carcérale. Et, au coeur de ces deux textes, c’est l’homme, « Émilien Casselage né à Rodez le 25 avril 1912 (…) orphelin à 8 ans pupille de l’État (…) mineur à Decazeville gréviste en 1936 (…) Lucien Bonnefard né à Béziers le 25 avril 1915 blessé à la clavicule gauche lors d’une manifestation interdite par le préfet (…) Georges Rincieux né à Brest le 25 avril 1918 licencié en 1956 à la fermeture de l’usine (…) Anatole Blanc né à Paris 18e le 25 avril 1916 (…) condamné à dix-huit mois de prison pour récidive de vol à l’étalage (…) trois mille francs de retraite mensuelle (…) Ramon Rodriguez né à Tolède le 25 avril 1946 (…) quand Pablo est venu dire à l’assemblée des grévistes que la Guardia Civile avait bloqué toutes les issues de l’usine je n’ai pas cru que c’était possible que ça se passait là maintenant … »

La mise en scène nous alerte : le texte nous concerne aujourd’hui, nous qui sommes prisonniers des images, qui sommes émus à l’évocation des noms des victimes d’attentats, qui jouons avec les instruments de notre servitude.

Le texte d’Enzo Cormann est publié, comme la plupart des textes de cet auteur, aux Éditions de Minuit.


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