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La France ne sait pas quoi faire de ses déchets nucléaires mais prend ceux des autres…

Publié le 28 août 2018 par Albert @albertRicchi
La France ne sait pas quoi faire de ses déchets nucléaires mais prend ceux des autres…
Nicolas Hulot vient de démissionner ce jour de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire à cause sans doute d'une indigestion de couleuvres depuis son entrée au gouvernement le 17 mai 2017 (glyphosate, huile de palme, loi alimentation, nucléaire, Ceta, etc.).
Une des dernières couleuvres avalée, passée sous silence par les médias, est un décret signé par Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Jean-Yves Le Drian et l’ambassadeur de France en Australie qui vient d’autoriser l’importation de 4 tonnes de plutonium et d’uranium australiens…  
C’est par un décret signé en catimini en juillet 2018, en plein été, par les plus hautes autorités de la République que la France vient de légaliser un dangereux accord de trafic de déchets nucléaires de l’Australie vers la France. L’accord entre les gouvernements français et australien prévoit qu’Areva (devenu Orano depuis sa « faillite » et son renflouement de 9 milliards d’euros sur le dos des contribuables) achète officiellement à « Ansto » (Australian Nuclear Science and Technology Organisation) ses déchets rebaptisés « combustible nucléaire usé » issu de l’exploitation du réacteur atomique australien de recherche « Opal » implanté à 30km de Sydney. Le contrat initial a été signé voici deux ans le 7 juillet 2016 sous la présidence de François Hollande pendant que le jeune Emmanuel Macron était son ministre de l’économie dans le gouvernement Valls. Modifiée par un avenant du 10 octobre 2016, cette opération portait sur 3,6 tonnes de déchets radioactifs, une quantité éventuellement modifiable en fonction des besoins et intérêts des parties et a même reçu le 17 novembre 2016 la bénédiction d’« Euratom », l’Agence européenne de promotion du nucléaire.

Le contenu de l’accord 

L’introduction en France des déchets nucléaires australiens s’étalera jusqu’au 31 décembre 2030. Le retraitement par Areva/Orano est prévu entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2034, soit seize années ! L’accord précise en outre pour le retour vers le pays vendeur de l’hémisphère sud en Océanie : « les Parties feront tous leurs efforts pour minimiser le nombre de transports nécessaires au retour des déchets radioactifs. ». « Compte tenu du faible volume de déchets générés par le retraitement, il se pourrait que la prorogation du contrat n’ait été signée avant le 31 décembre 2028 pour la livraison de quantités supplémentaires de combustibles nucléaires usés au-delà du 31 décembre 2030. Si une prorogation est signée, la date ultime de retour est fixée au plus tard au 31 décembre 2040. » Donc 22 ans depuis 2018 !  

L’article 7

Pensant se prémunir de tout risque de poursuite pénale, la France a validé un article 7 aussi vague qu’irrationnel : « La France adopte les mesures raisonnablement nécessaires et relevant de sa compétence pour permettre l’exécution des dispositions du présent accord. L’Australie adopte les mesures raisonnablement nécessaires et relevant de sa compétence pour permettre l’exécution des dispositions du présent accord. » Raisonnablement nécessaires, imaginons que cette phrase figure dans un contrat de couverture d’assurance pour les biens et les personnes, voir même sur les boites de denrées alimentaires ! 

L’article 9

Dans cette opération, Areva-Orano va aussi récupérer au passage quelques miettes de matières radioactives (1% environ), la plus dangereuse étant le plutonium. Histoire d’en faire une matière fissile encore plus dangereuse que les produits de fission « ordinaires » destinés aux réacteurs des centrales atomiques : le Mox (mélange d’oxydes de plutonium et d’oxydes d’uranium). Cela se fera sur le site de Marcoule dans le département du Gard, là où les deux premiers réacteurs nucléaires français conduisirent à produire la bombe atomique dans les années 50. De plus, c’est ce Mox qu’Areva avait fourni à Tepco au Japon et qui gorgeait le réacteur n°3 de la centrale de Fukushima-Daïchi dont les réacteurs ont explosé le 11 mars 2011. 

L’article 11

Cet article du document officiel d’Etat donne aussi carte blanche et mains-libres aux atomistes : « Les dispositions du présent accord peuvent être modifiées à tout moment par accord écrit entre les Parties. Ces modifications prennent effet conformément au paragraphe 1 du présent article, sauf accord contraire des Parties. » Finalement, en devenant propriétaire en titre de ces déchets, Areva-Orano impose au globe et aux français une nouvelle menace de transports mortels maritimes et terrestres. La France, sert ainsi l'intérêt de pas mal de pays qui veulent l'énergie, sans les inconvénients. Et l'Australie, fait partie désormais de ceux-là…

Photo Creative Commons 

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