Rilke fut emporté dans les cieux.
Puis ce fut le tour de Pasternak.
L’un fume avec le séraphin,
l’autre est revenu
cheminer dans les mares gelées
avec leurs saules aussi grands que des harpes,
sa mèche grise est celle d’un étalon,
son cœur pareil à celui d’Akhmatova,
à un cheval gris en hiver
qui, dans la neige épaisse et tourbillonnante,
alors que cette plage blanche devient plus blanche encore,
hennit et est ici.
*
Safe Conduct
Rilke was whirled into heaven.
After that, Pasternak.
One smokes with the seraphim,
the other has come back
to plod past fronze ponds
with their harp-wide willows,
his grey forelock a stallion’s,
his heart like Akhmatova’s,
like a grey horse in winter
that, through thick whirling snow,
as this white page goes whiter,
whinnies, and is here.
***
Derek Walcott (1930-2017) – The Arkansas Testament (1987) – La lumière du monde (Circé, 2006) – Traduit de l’anglais par Thierry Gillyboeuf.