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Kanata, un traitement médiatique surréaliste !

Publié le 06 septembre 2018 par Shadlaw @rachadlaw

Kanata, un traitement médiatique surréaliste ! Les médias de masse et certains journalistes s’entêtent à nous faire avaler une nouvelle définition du mot censure. Mais celle-là est définitivement coincée dans ma gorge.
Avec la rapidité de circulation de l’information de nos jours et la pression des réactions dans les médias sociaux, je remarque une constante baisse de qualité dans le traitement de l’information. Dans beaucoup de cas, les grands médias occultent carrément les faits et les sujets d’actualité sont constamment mal traités. Le traitement médiatique de l’affaire Kanata et les groupes autochtones est frappant d’imprécisions et d’aveuglement volontaire pour faire de son annulation précipitée un cas de censure et d’affront à la liberté d’expression artistique.
Les faits
Au départ, Kanata n’est rien d’autre qu’une coproduction commerciale entre le théâtre Park Avenue Armory (NY), Ex Machina et le Théâtre du Soleil (Paris) pour le public parisien et le public new-yorkais.
Robert Lepage assure la mise en scène des spectacles. Si on enlève Robert Lepage et sa grande notoriété de l’équation, Kanata ne serait qu’une simple représentation théâtrale pour parler de l’histoire autochtone à des publics parisiens et new-yorkais et n’aurait eu aucun écho significatif au Québec. Une lettre ouverte signée par des groupes autochtones dénonce l'absence de membres autochtones dans le spectacle Kanata. Ces groupes n’ont jamais demandé une suspension de la production de Kanata. Cela reste une réaction classique de groupes de pression comme on en voit dans toute sorte de projets. J’ai déjà vu des pressions de lobbys puissants qui protègent des intérêts de quelques riches fait échouer des projets collectifs en tirant les ficelles dans l’ombre sans faire trop de bruits dans les médias. Dans toute démocratie digne de ce nom, des individus ou des groupes ont le droit de manifester leur désaccord concernant un projet ou une approche artistique.
La controverse
Ce dossier a pris une proportion démesurée au Québec tout simplement parce qu’il implique Robert Lepage, un de nos plus grands créateurs, un gars réputé et respecté ici comme à l’international, et qui pour moi, loin d’être un raciste. A-t-il manqué de sensibilité dans le cas présent? C’est un autre débat. La réaction de groupes autochtones a fait peur à l’un des producteurs de Kanata, Park avenue Armory qui s’est retiré, craignant de perdre de l’argent dans l’opération. Une simple décision d’affaire. La première réaction de Robert Lepage est d’annoncer l’annulation du projet Kanata avant même d’en parler à sa partenaire Ariane Mnouchekine du Théâtre du soleil. La réalité est que l’annulation du projet est d’abord et avant tout liée à la crainte pour sa rentabilité financière. Les défenseurs de la thèse de la censure répètent que c’est la lettre des groupes autochtones et les réactions virulentes d’allumés dans les médias sociaux qui ont poussé au retrait du coproducteur américain. Mais oui et puis? Doit-on empêcher des groupes de réagir légitimement sur une affaire qui les touche profondément sous prétexte que cela peut décourager des bailleurs de fonds? On ne parle pas ici d’un sujet ordinaire mais d’une histoire qui fait partie des trois plus grands génocides de l’histoire de l’humanité avec l’holocauste et l’esclavage. Il me semble que les producteurs de Kanata devraient s’attendre un peu à ce type de polémiques.
La censure réinventée
Depuis le début de cette affaire, plusieurs journalistes, hommes ou femmes politiques sont montés sur leurs chevaux blancs pour dénoncer une censure ignoble, une grave atteinte à la liberté d’expression artistique. Et qui sont les censeurs? Ces groupes autochtones qui ont commis le terrible crime de demander d’être impliqués dans une production théâtrale qui se vante de «vouloir faire une relecture de leur histoire»? Comprenez-vous par quelle opération de Saint-Esprit, des supposés victimes de sous-représentation artistique sont devenus des coupables, de méchants censeurs? Pourtant, ces groupes n’ont aucun pouvoir légal, législatif, institutionnel pour empêcher le projet Kanata d’aller jusqu’au bout. Même s’ils font peur à certains coproducteurs frileux, d’autres partenaires financiers ou même le public pourrait financer le projet et permettre sa réalisation.
La notion de censure est complétement banalisée ici dans le seul but de faire un énorme battage médiatique autour de cette nouvelle production, une publicité gratuite. La preuve, des représentations de Kanata auront lieu à Paris et aux dates prévues initialement. On ne sait pas encore si un nouveau partenaire est entré en jeu ou c’est simplement le Théâtre français, qui se présente aujourd’hui comme le sauveur de Kanata et de la liberté d’expression artistique, qui a décidé d’injecter ses billes. Ariane Mnouchkine y allé comme d’habitude de son grand verbiage théâtral en invoquant toutes les lois françaises pertinentes et tous les termes dramatiques du Larousse pour annoncer sa grande victoire contre la censure. La cause est noble mais j’ai juste l’impression que comme Don Quichotte, elle se bat contre les moulins à vent.

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