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Max | Les versificatrices et versificateurs bertsolaris

Publié le 06 septembre 2018 par Aragon
Telle est ma poésie : poésie-outil
À la fois battement du coeur de l'unanime et aveugle
Telle est, une arme chargée de futur expansif
Avec laquelle je vise ta poitrine.

Gabriel CELAYA

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C'est clair, les traditions me font chier. Les traditions moralisatrices en particulier, celles qui stratifient l'humain dans une posture, une habitude, une attitude sociale, une vaine attente, une façon de s'habiller, une religion castratrice et Dieu sait s'il y en a. Cette tradition-là n'a rien de vivant, elle pue, elle sent la poussière, le rance, elle me fait chier, oui.

Il est une tradition, des plus vivantes, des plus hautes et des plus anciennes, qui se perd dans la nuit des temps basques, qui m'émeut au plus haut point qui me ravit en extase, je n'exagère pas, celle des bertsolaris, les versificatrices et versificateurs.

Elle est tenace, elle a résisté à l'usure du temps sur la chair et sur l'âme, elle a été un élément déterminant dans la survie - assurée - de la mystérieuse, ô combien difficile et si belle langue basque. La langue française fait un clin d'oeil au bertsolari... solari, elle découvre un ensoleillement, le bertsolari est bien un personnage solaire.

Cette tradition n'est pas entre les mains de quelques vieilles et vieux, de très jeunes s'y essaient, Maialen Lujanbio Zugasti en est une des championnes, elle est née en 1976, Amets Arzallus Antia, lui,  est né en 1983, il y en a d'encore plus jeunes.

Le bertsolari est un chanteur a cappella, poète/versificateur, improvisateur, non professionnel, qui se produit sur les places des villages, dans les bistros et dans de grandes salles aussi. Sa déclinaison poétique improvisée porte sur tous les thèmes, tous les sujets, les troupeaux du côté d'Urepel, les migrants en Méditerranée, l'amour, le travail, la politique, sur tout, car tout est affaire de vers.

Il faut cependant en trouver le code caché sous une austère esthétique, un peu (en exagérant à peine) comme avec le Nô japonais. La clé en main, la porte s'ouvre sur les plus grandes émotions, il n'est pas nécessaire de comprendre la langue, la vibration émotionnelle trouve à chaque fois le chemin du coeur, le centre de la cible, comme une fois encore parlant tradition japonaise, le mystérieux kyūdō  (tir à l'arc) dont le but n'est pas d'atteindre le centre de la cible mais bien de décocher la flèche qui trouvera son chemin... Il est aussi toujours possible au non basquisant de trouver les traductions en deux clics.

Xalbador, qui me tient à coeur, fut l'un des plus grands, ils sont tous bouleversants de sincérité, le bertsolari appelle toutes les aurores, il vainc toutes les nuits moches du monde, il fait passer la vie par l'émotion, il est passeur, il est beau. La poésie est vraiment une arme chargée de futur expansif. La seule peut-être, avec le théâtre.


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