Magazine

Max | On connaît la chanson

Publié le 17 septembre 2018 par Aragon

chanson.jpegQuand tout sera fini il restera des chansons. Les moments essentiels de nos vies sont bercés par des chansons, chansons de l'enfance, de l'adolescence, puis après, celles du grand bain dans lequel nous sommes plongés.

Mon oncle paysan qui m'a élevé chantait. C'était un chanteur né. Un pinson. Quand il allait aux champs il chantait, quand il y travaillait il chantait, quand il en revenait il chantait. Comme j'étais avec lui j'entendais ces mots étranges que je ne comprenais pas toujours, mais la mélodie m'embarquait immanquablement. Chanson essentielle, chanson inductrice de joie, de bonheur, chanson baume pour les plaies de l'enfance.

Mon oncle était joyeux, c'est normal, il chantait... Jolie fleur de pa-pa-pa jolie fleur de papillon... Quand Margot dégrafait son corsage pour donner la gougoutte à son chat... Mon paternel qui n'avait pas les pieds plats m'a appris le shimmy, les claquett's et caetra et m'a dit : " Pour gagner ta pitance la danse y'a qu'ça "... Un rat est venu dans ma chambre il a rongé la souricière il a arrêté la pendule et renversé le pot à bière je l´ai pris entre mes bras blancs il était chaud comme un enfant je l´ai bercé bien tendrement et je lui chantais doucement dors mon rat, mon flic, dors mon vieux bobby ne siffle pas sur les quais endormis quand je tiendrai la main de mon chéri...

Ma mère nous chantait Malbrough s'en va-t-en guerre dans la voiture, la mémé chantait des cantiques religieux et m'encourageait à le faire. Je le faisais avec tout mon coeur et une de ses amies, madame Bijon, m'emmenait avec elle à la messe le dimanche pour m'entendre chanter. Mon frangin se moquait de moi quand je chantais en me chantant Quand tu chantes tu pleures, quand tu chantes tu pleures...

Effectivement je ne pouvais pas chanter sans pleurer. Plus tard je continuais à chanter. Quand j'ai voulu immigrer au Québec il y avait une chanson qui passait en boucle sur CIEL FM, une des radios de Montréal. C'était Comme une chanson bizarre de Lenorman. Lenorman m'était indifférent, ses chansons étaient niaises, manquaient de punch. Faisaient pas le poids en ce temps-là avec celles de L'Osstidcho de Charlebois. Mais dans Comme une chanson bizarre y'avait un truc, un truc extraordinaire qui me donnait la force de marcher des jours et des jours dans les rues de Montréal pour essayer de trouver du boulot, de passer des heures dans les services d'immigration afin d'avoir un visa que je n'ai jamais obtenu, le moyen de continuer à vivre...



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aragon 1451 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte