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Gaston y a le teléfon qui son ? #humeur

Publié le 01 octobre 2018 par Montaigu

Téléphonevert

Une nouvelle passée inaperçue pour tous ceux qui vivent cramponnés à leurs smartphones, comme si leur vie en dépendait : Orange arrête de commercialiser le téléphone fixe. Il est vrai que cet instrument, aujourd’hui, ne sert quasiment plus qu’à répondre aux sempiternelles propositions commerciales, une engeance ! Pourtant, le temps n’est pas si lointain où cet appareil carré trônait dans les maisons et appartements, dans les pièces de séjour ou les chambres des parents. Élégamment habillé de bakélite noire à ses débuts, il fut remplacé par une version plus moderne grise, orange ou verte. Avant que les numéros ne soient invariablement à huit chiffres, ceux-ci se composaient à l’origine (à Paris en tout cas) d’un nom de lieu ou de rue suivis de quatre chiffres, Bagatelle 64 58 ou Blomet 27 30. Au fin fond de la France, avant que les communications ne deviennent automatiques, on annonçait à l’opératrice « ici le 29 à Saint Denis d’Anjou, je voudrais le 4, 2 fois 2,  à Niafles. ».  Mais c’est de la préhistoire !

Ce téléphone fixe était partie prenante de la vie familiale. Le forfait illimité n’existant pas, l’accord parental était nécessaire pour en faire usage. Il ne fallait pas le monopoliser trop longtemps sous peine de s’attirer les foudres de ses frères et sœurs. Parfois, il était synonyme d’une attente insupportable, celle de « ZE » coup de fil. Quand la sonnerie retentissait, il n’était pas rare que tout le monde se précipite : « C’est pour moi ! ». En raison de sa relative confidentialité, les conversations reçues ou données donnaient lieu à moult commentaires partagés autour de la blanquette de veau, le soir au dîner. Du genre : « Dis-donc, ce gars qui téléphone, il le fait souvent, c’est qui ? », provoquant un léger rougissement qui attirait les quolibets.

Cet instrument antédiluvien possédait une grande vertu, que le téléphone portable a mis au rancart : il délimitait l’espace privé. Il n’était pas bien élevé de téléphoner trop tôt le matin, trop tard le soir, pendant les repas. Sorti de chez soi, on n’était plus joignable, à part au bureau bien sûr. En vacances non plus, à moins de donner les coordonnées de l’hôtel ou de sa résidence secondaire. Dans les transports en commun, c’était le rêve : les voisins, plongés dans la lecture d’un bouquin ou d’un journal, étaient muets comme des carpes. Dans la rue, aussi. Si d’aventure, on croisait des péquins qui parlaient tout seuls, en gesticulant ou en faisant des grimaces, c’était l’expression de leur bon plaisir. Au restaurant ou dans les réunions mondaines, les gens se contentaient de la compagnie de leurs invités, et inversement. Le téléphone portable et son dérivé le SMS, nous soumettent désormais à la pression de l’immédiateté dans le temps et l’espace. Est-ce grave, docteur ?


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