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La seconde vie de Jean-Marie Barre

Publié le 18 octobre 2018 par Pantalaskas @chapeau_noir
La seconde vie de Jean-Marie Barre

Botanic série JM Barre 2018

Rares sont les ruptures radicales dans le cheminement créatif des artistes. Quand se produit un tel séisme, on s’interroge sur les raisons profondes de ce changement. Je pense au peintre Jean Rustin abandonnant une abstraction lyrique chatoyante pour basculer dans une figuration sombre, lourde, habitée de personnages proches de la folie. Rustin qui en « avait assez de faire un chef d’oeuvre chaque matin » me disait combien il se sentait enfin à sa place dans ce nouvel univers. Pourquoi évoquer cela ? L’exposition parisienne de Jean-Marie Barre témoigne de ce phénomène rare : l’avènement de la seconde vie du peintre. Pendant de nombreuses années Jean-Marie Barre a été le peintre d’une figuration fine, précise au service d’un réel transfiguré, le peintre des atmosphères colorées par le silence, le peintre des lieux ordinaires où la présence humaine restait palpable encore dans ces décors mémoriels.
Comment imaginer que cette voie personnelle, identifiant son parcours depuis des années, pouvait être abandonnée ? De plus au profit de quoi d’autre ? Car l’enjeu que le peintre s’est lui-même fixé n’est pas celui d’une alternative entre deux formes de peinture. Jean-Marie Barre a quitté sa pratique historique pour aborder l’inconnu. C’est dire la prise de risque assumée sans possibilité de retour en arrière. Pour affronter cet espace inconnu, JMB a commencé par parcourir le monde, découvrir les autres artistes : Berlin, Los-Angeles, New-York, Londres….

La seconde vie de Jean-Marie Barre

A Berlin, cherchant sous la surface du tableau, l’artiste semble avoir voulu retrouver l’origine de la peinture, remontant les strates géologiques de l’histoire de l’art. C’est en creusant profondément dans ces couches superposées que JMB a rencontré la matière, celle d’avant la couleur, une matière fondamentale, épaisse, dans une confrontation corps à corps. Cette implication l’a conduit à chercher dans la gestuelle la quête d’un renouveau, patiemment élaboré avec une, puis deux, puis trois couleurs, vérifiant à chaque étape le bien fondé de sa démarche.
Aujourd’hui, à la galerie J.A. Pougatch, la série « Botanic » constitue l’étape la plus récente dans ce processus toujours en mouvement. Figuration ? Abstraction ? Jean-Marie Barre n’est pas à la recherche d’une recette. Il s’implique dans une action sans repentir sur une toile dont on sent bien déjà qu’il pourrait s’affranchir du cadre pour débrider cette gestuelle alors que d’autres couleurs interviennent à l’opposé d’une identification naturaliste.
Il reste peu de jours pour vérifier, dans la galerie, l’authenticité et l’exigence d’un peintre qui, au risque de s’isoler, a accepté ce nouveau départ pour renaître à travers sa peinture, pour nous donner à voir une pratique qui, au-delà des acquis de la peinture gestuelle inscrite dans l’histoire de l’art, repart sur des bases nouvelles, enrichie par les chemins qu’il a croisés à travers le monde.

Jean-Marie Barre

« Botanic »

Galerie J.A. Pougatch
Jusqu’au 20 Octobre 2018
256 rue Saint-Honoré
75001 Paris


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