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Frankestein ou le Prométhée moderne – Mary Shelley

Publié le 02 novembre 2018 par The Cosmic Sam @thecosmicsam

C’est après avoir vu le film « Mary Shelley » (deux fois) il y a quelques semaines que j’ai pris conscience que je n’avais jamais lu que des extraits de cette oeuvre emblématique qu’est « Frankenstein ou le Prométhée moderne« .

Erreur inadmissible que je me suis, bien sûr, empressée de réparer en courant à la librairie.

L’occasion était d’autant plus belle que Frankenstein a 200 ans !

Le livre : « Frankestein ou le Prométhée moderne »

Frankestein ou le Prométhée moderne – Mary Shelley

Crédit photo : Cosmic Sam

L’auteure : Mary Shelley était une écrivaine anglaise. Fille de la philosophe Mary Wollstonecraft et de l’écrivain William Godwin, elle a baigné dès son enfance dans un milieu intellectuel et littéraire. Mary Shelley a épousé très jeune l’écrivain Percy Bysshe Shelley. C’est à l’âge de 18 ans qu’elle écrit le roman qui la rendra célèbre pendant des siècles : « Frankenstein ou le Prométhée moderne« , qui inspirera le genre de la science fiction. Elle est également l’auteure des romans « Valperga » et « Le Dernier homme ».

Le résumé : « C’est alors qu’à la lueur blafarde et jaunâtre de la lune qui se frayait un chemin au travers des volets, je vis cet être vil – le misérable monstre que j’avais créé. Il soulevait le rideau du lit et avait les yeux – si l’on peut les appeler ainsi – fixés sur moi. Ses mâchoires s’ouvrirent et il bredouilla quelques sons inarticulés, tandis qu’un rictus ridait ses joues. Peut-être dit-il quelque chose, mais je ne l’entendis pas. Il tendit une main comme pour me retenir, mais je m’échappai et descendis précipitamment les escaliers. Je me réfugiai dans la cour de la maison que j’habitais ; j’y demeurai le reste de la nuit, marchant de long en large dans un état d’agitation extrême, écoutant attentivement, percevant et redoutant le moindre son, comme s’il devait annoncer l’approche de ce cadavre démoniaque auquel j’avais si malheureusement donné la vie. »

Mon avis : J’ai été assez surprise par la lecture de cette oeuvre classique de la littérature. En effet, je m’attendais à une lecture « à frissons » avec un arrière fond horrifique comme le laissait présager l’extrait choisi sur la quatrième de couverture. Pourtant, il n’en est rien et Mary Schelley nous livre une sorte de fable philosophique traitant des grandes passions humaines.

J’admets avoir eu du mal à me laisser convaincre par l’histoire durant les 85 premières pages. Je trouvais, en effet, le rythme extrêmement long et ne comprenais pas bien où l’auteure voulait en venir. Cependant, une fois ce cap passé, j’ai beaucoup aimé me laisser conter la vie du docteur Victor Frankenstein, son amour pour la philosophie naturelle et les sciences ainsi que ses ambitions l’ayant conduit à donner vie à sa « créature ».

J’ai été atterrée par la réaction de dégoût et de rejet épidermique de Frankenstein lorsque celui-ci se rend compte de l’aspect physique de sa « créature ». Frankestein est plutôt antipathique mais son état d’accablement est tel qu’on en vient, par certains aspects, à le prendre en pitié. Néanmoins, ce n’est rien comparé aux sentiments que l’on éprouve pour cette « créature » sensible, profondément touchée par le rejet des autres au seul motif de sa différence et de son aspect physique. Cela m’a inévitablement fait penser aux sujets contemporains du harcèlement, de la discrimination et/ou de la xénophobie.

« J’éprouvais pour lui de la compassion, et parfois je désirais lui offrir une consolation ; mais quand je le regardais, quand j’apercevais cette masse affreuse qui se mouvait et parlait, la répulsion m’envahissait… mes sentiments se changeaient en horreur et en haine. »

La « créature » va pourtant tout entreprendre pour se faire accepter par les Hommes. Finalement, elle tentera même de retrouver son créateur pour le convaincre de lui accorder une compagne à même de  briser sa solitude infernale. Cependant, Frankenstein, ayant déjà à moitié sombré dans la folie, s’en trouve incapable. La « créature » va alors consacrer sa vie à se venger de l’insensibilité de ce dernier et sombrer dans les plus noirs desseins, entraînant à son tour la fureur de Frankenstein. Les deux protagonistes se retrouvent dès lors dans une spirale de vendetta infernale.

« Par la terre sacrée sur laquelle me voici à genoux, pr les ombres qui errent à mes côtés, au nom du chagrin profond et éternel que je ressens – je jure, de poursuivre le démon qui a causé ce malheur jusqu’à ce qu’un combat mortel s’achève par sa mort ou la mienne. A cet effet, je veux rester en vie ; pour accomplir cette chère vengeance, je veux à nouveau contempler le soleil, fouler les verts pâturages de cette terre, que mes yeux cesseraient à tout jamais de voir s’il ne s’agissait de cela. Et je vous adjure, esprits des morts, et vous aussi, ministres errants de la vengeance, de m’assister et de me guider dans mon oeuvre. Que ce monstre maudit et infernal boive jusqu’à la lie la coupe de la souffrance ! Qu’il ressente le désespoir qui maintenant me tourmente! »

Cependant, on se rend compte que c’est bien l’être humain, de par sa méchanceté et ses préjugés, qui corrompt la « créature » initialement innocente et douée de bonté pour faire d’elle un monstre.

« Comme le savoir est une chose étrange! Il s’accroche à l’esprit, dès lors qu’il s’en est saisi, comme le lichen sur la roche. Parfois je souhaitais me débarrasser de toute pensée, de tout sentiment ; mais j’appris qu’il n’était qu’une seule façon de surmonter la sensation de douleur, et que c’était la mort ».

Le livre met en exergue l’inépuisable quête de l’amour et de l’amitié, désir primal sans lequel il semble impossible de vivre sans perdre toute humanité.

Mary Schelley décrie également dans son livre l’avidité du savoir qui peut, si elle est incontrôlée, transformer celui qui la témoigne en savant fou et muer la connaissance en une source d’affliction.

« Pourquoi l’homme se glorifie-t-il de posséder une sensibilité supérieure à celle qui se manifeste chez l’animal ? Cela ne sert qu’à faire de lui un être davantage privé de liberté. Si nos pulsions se limitaient à la faim, à la soif et au désir, nous serions peut-être quasiment libres ; or nous sommes mus par le moindre vent qui se met à souffler, par un mot rencontré au hasard, ou par un paysage que ce mot nous vient suggérer. »

Finalement, la chute du roman fait de la « créature » de Frankenstein un vrai personnage tragique, au sens littéraire du terme.

En bref : J’ai beaucoup apprécié cette lecture surprenante. Toutefois, il ne faut pas aborder ce roman en s’attendant à de l’horreur ou de l’aventure, mais savoir qu’il s’agit davantage d’une fable psycho-philosophique.

Le film : Il ne s’agit pas d’une adaptation du livre (ces dernières sont, par ailleurs, nombreuses), mais d’un biopic sur Mary Shelley. Je recommande chaleureusement ce film romantico-gothique, idéal pour avoir un autre éclairage sur l’oeuvre et la personnalité de Mary Shelley. La photographie est, en outre, très réussie. Je vous conseille également de le regarder en VO pour profiter de la beauté des poèmes et de la sonorité des vers dans leur langue originale.

Vous avez lu ce classique de la littérature ? Vu le film ? Qu’est-ce que vous en avez pensé ? 


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