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Halloween (2018), David Gordon Green

Par Losttheater
Halloween réalisé par David Gordon Green

Suite/remake/reboot, il faut remettre les choses dans leur contexte pour appréhender au mieux cet Halloween réalisé par David Gordon Green. Quarante ans sont passés depuis La Nuit des masques de John Carpenter. Comme l’indique le premier plan du film, l’horloge tourne et il est temps pour Michael Myers de reprendre du service. Les deux journalistes venus enquêter sur le tueur de baby-sitters du premier film le conjure de se réveiller. Ce point de départ vient alors contester tout ce qui s’est passé depuis toutes ces années. Car Halloween est en réalité le onzième film d’une franchise qui a connu suites et remakes. Et ce ne sera pas le seul élément qui viendra effacer tout ce qui a depuis nourri la mythologie créée par John Carpenter en 1979. Dès lors que le masque jaillit du sac d’un des deux journalistes, le thème musical (réinterprété pour l’occasion) du réalisateur peut donc résonner. La citrouille reprend sa forme et sa vigueur originale, le massacre peut à nouveau démarrer.

Il n’est donc pas tout à fait question d’un remake ou ni même d’une reboot. Le film se place en tant que reflet de son original. Tout en respectant une mythologie simple et claire, il en retire un hommage bienveillant, qui ne s’acharne jamais à démystifier le travail de son prédécesseur. Au contraire, il réveille et renforce cette sensation de peur laisser par le film originale, tout en lui insufflant  un goût disons plus moderne. Le visage du « croquemitaine » sans expression est durci par des traits vieillissants et salis. Quant à sa victime, Laurie Strode (Jamie Lee Curtis), elle devient une grand-mère qui gêne toute sa famille par sa paranoïa. La jeune vierge innocente du premier film devient même ici une espèce de cowboy, recluse dans sa maison fortifiée, prête à affronter la source du mal qui la hante depuis quarante longues années. Les plaies du passé n’auront donc jamais cicatrisées, et ce même si le film fait l’impasse sur les détours scénaristiques empruntés par les suites (ici Laurie n’est plus la sœur benjamine de Michael Myers). Il explore plutôt ce long vide depuis cette nuit où le tueur masqué a décimé les amies de cette chère Laurie. La dimension à la fois fantomatique et imposante de Myers est toujours belle et bien présente : le point de vue s’adapte à sa capacité à remplir l’espace et à devenir une menace permanente. David Gordon Green a bien compris qu’il traite d’un monstre et le met en scène d’une manière quasi maléfique qui mime son absence totale d’empathie envers ses victimes. Néanmoins, cette relecture possède un twist. Laurie n’est plus que la simple victime du tueur, elle devient à son tour prédateur de son propre démon. Et le film de s’inscrire en miroir de l’œuvre de Carpenter. Ce jeu scénaristique joue non seulement sur les nerfs du spectateur qui perd complètement ses repères et vient à se demander qui chasse qui. Par ce tour de passe-passe, David Gordon Green construit toute l’essence et la tension de son film. N’étant plus jeune et effarouchée, Laurie est maintenant mère et grand-mère. Matriarche armée jusqu’aux dents, elle devient elle-même le loup. Halloween s’amuse avec ces coutures, et vient recréer des morceaux d’anthologie du premier film. Laurie, véritable bête cachée dans l’ombre, remplace en quelque sorte le défunt Docteur Loomis. C’est toute cette ambivalence qui nourrit le fond de cet Halloween nouvelle mouture. A jouer entre l’ancien et le neuf, David Gordon Green conjugue l’horreur sous un aspect inédit tout en respectant un héritage.

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