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Pascal Rebetez, invité de Tulalu!?, au cinéma Bellevaux, à Lausanne

Publié le 13 novembre 2018 par Francisrichard @francisrichard
Pascal Rebetez et Pierre Fankhauser

Pascal Rebetez et Pierre Fankhauser

Hier soir Tulalu!? recevait Pascal Rebetez, au Bellevaux, à Lausanne. L'ancien journaliste de Radio Fréquence Jura puis de RTS était mis par Pierre Fankhauser sur la sellette, en l'occurrence un tabouret haut sur pieds, pour répondre de la commission d'un livre intitulé Poids lourd.

Miguel Moura

Miguel Moura

Le fondateur de l'association littéraire, Miguel Moura, fait, comme c'est devenu un rite, en guise de mise en bouche, une présentation toute en finesse de l'invité, tandis qu'un diaporama défile derrière lui:

- un mur sur lequel sont gravés des mots

- des barbus de la Gruyère

- le père de l'invité

- François d'Assise parlant aux oiseaux

- le "Che" cigare au bec

Ces photos symbolisent des moments de la vie de Pascal Rebetez, dont certains ont la vie dure et d'autres pas...

Ces photos-clés représentent peut-être des mots-clés, qui feront apparition au cours de la rencontre:

- écriture

- bonne vie

- dissidences

- bon type

- révolte

A propos de mots, Pascal Rebetez, journaliste et éditeur, doute de la légitimité de pouvoir se dire lui-même écrivain, d'autant plus qu'il s'édite lui-même...

Pascal Rebetez et Pierre Fankhauser

Pascal Rebetez et Pierre Fankhauser

Poids lourd est un récit autobiographique. Il correspond à un moment révélateur de la vie de Pascal Rebetez: il est devenu un poids lourd... physiquement, proche des cent kilos. Il s'en rend compte alors qu'il se rend en Australie voir son frère qui est pâtissier là-bas.

Pourtant personne ne lui a jamais reproché sa bedaine, même pas la gent féminine. De lui-même donc, incidemment, il prend conscience qu'il est en train de ressembler à ses deux grands-pères, qui l'un comme l'autre étaient des gros pères.

Il est temps pour lui de faire des efforts pour réduire son poids, et par conséquent son volume, ou vice-versa. Et les premiers efforts qu'il fait, bien que coûteux à l'entendre, ou plutôt à le lire, semblent dérisoires en considération de l'objectif à atteindre.

Aujourd'hui, il ne sait pas combien exactement il pèse, parce que ce n'est pas un obsédé du pèse-personne. Il sait seulement - ce n'est pas difficile à constater - qu'il est moins enveloppé qu'auparavant.

On dit que l'occasion fait le larron. C'est bien le cas avec ce livre. En Australie, il parcourt de longues distances en voiture, seul. Alors, pour s'occuper, il écrit. D'une curieuse manière.

En effet, en y réfléchissant bien, il passe souvent, dans ce livre, du coq à l'âne. Il faut cependant réfléchir pour s'en rendre vraiment compte, parce qu'il le fait avec une grande fluidité, mine de rien.

Pascal Rebetez aime faire des liens, un mot en amenant un autre, si bien que le point d'arrivée peut se trouver, sans que le lecteur s'en aperçoive en cours de lecture, fort éloigné du point de départ.

Pascal Rebetez pense que cette tournure d'esprit lui vient de son métier de journaliste qui impose de faire des enchaînements, de faire des liens, en quelque sorte.

Ce qui a frappé l'animateur de Tulalu!?, en lisant le dernier opus de Pascal Rebetez, c'est sa désinvolture: ce poids lourd tend naturellement vers la légèreté. Sans doute est-ce pourquoi il a de la peine à se considérer comme un écrivain.

Il faut dire qu'il est non seulement désinvolte mais ironique. S'il n'épargne pas certains, il ne s'épargne pas non plus et se met dans le même sac qu'eux. En fait il aime gratter le globe, pour reprendre l'expression d'un vigneron de sa connaissance.,

Bon, c'est vrai, il a maintenant dix-sept livres à son compteur, en tous genres. Mais il ne les a jamais commis avec la prétention de faire une oeuvre. Il ne s'est pas dit: d'abord le Goncourt, puis le Nobel. S'il est parfois narcissique, c'est quand il met sa casquette d'éditeur...

Dans ce métier (il a fondé en 1997 les éditions d'autre part), il a pu récemment être flatté dans son ego. Il a en effet publié Schumacher de Romain Buffat, qui a obtenu le Prix littéraire chênois 2018. Or ce roman a bien failli être publié par un autre éditeur, parisien de surcroît, qui s'est finalement dédit...

Pascal Rebetez aime écrire, c'est tout. Depuis longtemps. En écrivant, il s'allège, en quelque sorte. Il ne se donne pas de l'importance. La célébrité ne l'intéresse pas, même si, quand il était journaliste de télévision, on le reconnaissait parfois dans la rue...

Peut-être qu'il aime le liant, parce que c'est le signe qu'il ne vieillit pas: c'est aux jointures que le vieillissement se manifeste. En tout cas il jouit d'une bonne santé puisque son embonpoint passé ne l'a pas du tout affectée...

Pascal Rebetez a beaucoup voyagé à travers le monde. Mais l'envie lui est passée. Il trouve que tous les endroits se ressemblent aujourd'hui et sont à portée d'avion. A 19 ans, il a pris l'avion pour la première fois quand il a dû être rapatrié d'Afrique... Il n'ira donc plus en Patagonie...

Jean-Luc Farquet

Jean-Luc Farquet

Jean-Luc Farquet lit des extraits de Poids lourd, qui illustrent parfaitement ce qui est dit de son auteur: plein de vie, ironique, sautant allègrement du coq à l'âne, avec désinvolture. Sa voix en lisant est sur la même longueur d'onde que l'auteur et en transmet les émotions qui l'ont parcouru en écrivant.

La dernière lecture est tirée d'un livre précédent, Les prochains, paru en 2012 et composé de vingt-cinq portraits. Le portrait en question est celui de Camille, un personnage attachant qui a élu domicile dans le parking des Grottes, à Genève. Il nettoie les saletés des autres. C'est un franciscain qui s'adresse à ses frères détritus et à ses soeurs poubelles...

Francis Richard


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