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Churchill Manitoba, Anthony Poiraudeau

Par Antigone

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❤ Je dois dire d’emblée que je suis une grande fan des racontars du froid de Jorn Riel… j’étais donc déjà toute disposée à suivre Anthony Poiraudeau dans son voyage vers le Nord. Mais c’est son écriture qui m’a séduite, en réalité, dès les premières lignes, sa manière de partir de l’enfance, et de l’attrait qu’il avait alors pour les cartes de géographie. Et c’est sur une de ces immenses et grossières cartes de classe de notre enfance, et dont il finit par posséder deux exemplaires chez lui, qu’un minuscule point attire son attention et son imagination, la ville de Churchill, au Manitoba, perdue aux confins du cercle arctique, en Amérique du Nord. Il décide alors d’aller là-bas, effectuer un voyage, histoire de confronter la réalité à son imagination. Il découvre une ville abîmée par son histoire, notamment par les ravages commis sur sa population autochtone, mais surtout par ces vagues successives d’espoirs fondées sur elle et jamais réalisées. Churchill Manitoba vit essentiellement aujourd’hui de l’attrait touristique qu’offre la possibilité de croiser dans ses rues des ours blancs. J’ai adoré ce livre, et cette quête désabusée, autant intérieure qu’extérieure, effectuée par un voyageur écrivain décontenancé par une ville grise et triste, dont il fait très vite le tour, mais forte de son passé. On y croise aussi bien le souvenir de batailles militaires que celui de Glenn Gould. On peut y voir de magnifiques aurores boréales, et admirer aussi l’ancienne base de lancement de sondes aérospatiales construite par l’armée américaine dans les années 1950. Ce roman d’un auteur nantais, qui cite même à un moment donné dans ses pages des villes de la côte vendéenne, est une jolie découverte de bibliothèque, à la fois drôle, désuète et pleine de questionnement sur notre manière encore bien coloniale d’envisager le monde.

« Si les cartes d’un ancien état du monde étaient pour moi les meilleures, les plus merveilleuses, bien qu’elles aient été coloniales, c’est précisément parce qu’elles provenaient d’un monde aux noms dépassés, perdu comme l’enfance, et justement reçu pour moi dans l’enfance sur les murs des écoles et par de désuètes mythologies populaires toujours en vigueur au cours de mes jeunes années. »

Editions Inculte – octobre 2017

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

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