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L'attente à Sion est un cauchemar

Publié le 19 décembre 2018 par Alexcessif


Pour résister à l'attrait de Guenièvre Lancelot mis entre leurs deux corps, son épée.
Pourtant, contre le désir la résistance est vaine. L'obstacle du glaive et de la morale devint vite une forteresse vide et le plus loyal des commensaux de la table ronde, juste l'humble vassal de la tentation.
Cette nuit, malgré la porte bien fermée, un fantôme est entré. Sa longue silhouette nonchalante et solitaire marchait sur le sable d'une plage "se promenant en moi comme dans son appartement"(merci Baudelaire)sans laisser nulle trace de son pas.
M'apparut une femme sans bagage et sans visage à qui la mer servait de fond de teint avec, en guise de bijou pectoral, une montre molle en pendentif sur son buste qui n’aimait pas la pesanteur. La couleur me faisait penser à la méditerranée plutôt qu'à l'océan et nous étions, l'inconnue et moi, devant un bras de mer qui formait une lagune tandis que nous riions accoudés à la balustrade d’un balcon sans plancher posé sur la mer.
Elle me parlait et je savourais le sel de son esprit corrodant mon cœur.
Plus loin le squelette d'un navire échoué qui ne prendrait plus jamais la mer reposait sur sa quille en forme de sablier. M'approchant je vis son nom dévoré de rouille: "Alex C." et en dessous, son port d'attache: "Bordeaux".
Ronronette se mit à miauler et je m’éveillai un instant.
Le paysage changea.
J’étais à nouveau dans la chambre où je me vis endormi dans la pièce devenue une impasse. Des couples formés par des questions et des réponses dansaient une valse de Vienne sur le tempo de: quand certains doutes d'eux viennent* des certitudes aléatoires en attente de mise à jour empilées au bas du mur.
D’un placard, un cadavre est sorti.
Je reconnu la statue de plâtre que nous avions sur le bureau. Elle s’est redressée et sa stature atteignait le plafond.
Venue* de Milo, un cadeau de la tante à Sion, telle la Vénus d’Ille qui hanta Mérimée, elle était sans tête et avait de l’orgueil comme une victoire à Samothrace remportée dans une douce lumière.
- Les portes fermées sont des forteresses vides me dit-elle me renvoyant à ma vulnérabilité.
Son haleine était comme un souffle chaud. « On se réveille toujours en voulant continuer le rêve* » ajouta-t-elle.
- Il est trop tard, la rouille a commencé son œuvre ! - Reprends la mer! m'ordonna-t-elle.
- ce n’est pas l’homme qui prend la mer mais elle qui le prend, tac-au-taqué-je.»
Ronronette prés de moi s’étirait et réclamait ma caresse d’un impérieux coup de tête.
Je me suis réveillé.
J’ai descendu l’escalier qui conduit vers la salle de bain. Nu, arc bouté sur le bord du lavabo tandis que l’eau coulait, la vapeur envahissait le miroir.
Je pris dans mes deux mains en coquille de l’eau pour retirer la nuit de mon visage et désembuer la glace avec mes mains encore humides.
Un traître me regardait fixement.
Pourquoi il y a-t-il toujours un miroir ?
Alex C. "Les passantes" Mimizan le 11/02/2011
*allons un petit effort.
*je sais:devinrent, mais ça l' fait pas!
*trop drôle!
* avec l'aimable permission de Sable du temps Yvette Duragnon-Guignard
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