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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 294

Publié le 30 décembre 2018 par Antropologia

Noël dans ses petits souliers…

Il y en a un qui va mettre de tout petits, mais alors tout petits souliers sous son sapin, c’est l’éditorialiste d’une revue littéraire (c’est Noël, je tairai son nom) qui écrivait dans le numéro de novembre-décembre :

« Le 17 novembre, il paraît que les Français vont être nombreux à se mobiliser contre l’augmentation du prix du carburant. En France, on se mobilise pour défendre son plein. En Méditerranée 17 000  personnes se sont noyées en quatre  ans en fuyant la guerre, la misère, l’horreur. Ici, on se bat pour son plein. Est-ce dans ce monde-là que nous vivons ? » Avant de conclure : « Comment s’ouvrir aux mondes que la littérature bâtit ne nous ferait-il pas sentir qu’on a autre chose à offrir en héritage qu’un litre d’essence à 1,50 €. Ne vivrions-nous  pas mieux dans un monde où la bibliothèque aurait plus d’importance que la bagnole. Et la terre que notre portefeuille ? Bonne fin d’année 2018… »

Même si l’argument du type « mange, il  y a des  enfants qui meurent de faim… »,  qui ne change rien au sort des seconds  tout  en assurant l’indigestion du  premier est  particulièrement  agaçant, il  serait trop facile de railler après coup celui qui ne brille pas par  sa vocation visionnaire ; ce court extrait en dit cependant long sur la France coupée en deux… Car au fond ce n’est pas le plein le plus important mais le vide : sont bousculés l’Etat mais aussi les partis, les syndicats, les militants, tout un  monde ronronnant qui s’accorde sur des règles, des analyses et glose sur la dépolitisation, la crise de la représentation…

Au-delà des effets de communication, que manipulent avec dextérité les pros, afin de discréditer la parole,  c’est un vent de fraîcheur que fait souffler le mouvement des  gilets jaunes. Le  symbole gilet jaune est déjà en soi un coup de génie, et il ne coûte rien de l’exposer sur son pare-brise. Les pros de la com doivent en pleurer de jalousie… Mais c’est surtout cette majorité silencieuse –ou réduite au silence qui monte sur scène, sur le rond-point et dans sa naïveté ignore les règles, en fabrique, se construit… Médias et pouvoir veulent des leaders, les gilets jaunes les refusent… Ce qu’ils cassent avant tout, ce sont les codes qui, ils l’ont bien compris, ne sont pas faits pour eux et ils font vaciller pouvoir et institutions avec, en fin de compte, une facilité qui peut laisser dubitatif et admiratif…

En ces jours revenchards où les exactions sont mises en avant, par une coalition médiatico-politique, effaçant tout le reste, le plus intéressant, il faut leur souhaiter une bonne fin d’année 2018…

Colette Milhé


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