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[Critique série] MANIAC

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] MANIAC

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Titre original : Maniac

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis
Créateur : Patrick Somerville
Réalisateur : Cary Joji Fukunaga
Distribution : Emma Stone, Jonah Hill, Justin Theroux, Sonoya Mizuno, Sally Field, Gabriel Byrne, Billy Magnusen, Julia Garner, Rome Kanda, Trudie Styler…
Genre : Drame/Science-Fiction
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
Annie et Owen ne se connaissent pas mais partagent un certain mal être. La première n’arrive pas à se remettre de la disparition de sa sœur et ne cesse de faire face à une dépression chronique de plus en plus envahissante. Le second, diagnostiqué schizophrène, doit en plus composer avec une famille aussi envahissante qu’encombrante. Un jour, leurs chemins se rencontrent quand ils décident tous les deux de pousser la porte d’un laboratoire pour se prêter à une expérience révolutionnaire supervisée par un super ordinateur et deux docteurs un peu extravagants…

La Critique de Maniac :

Écrivain américain inconnu au bataillon de ce côté de l’Atlantique, Patrick Somerville s’est également fait remarquer grâce à son travail de scénariste sur la formidable série HBO The Leftovers. Somerville qui a décidé en 2016 de se lancer et de créer Maniac, une mini-série produite et distribuée par Netflix. Série entièrement réalisée par le talentueux Cary Joji Fukunaga, dont le boulot virtuose a largement contribué à faire de la première saison de True Detective, l’un des sommets de l’année 2014. Et c’est par ailleurs après la déroute Ça, qu’il devait mettre en boite, que Fukunaga s’est lancé corps et âme dans Maniac, se retrouvant à devoir orchestrer une histoire résolument pas comme les autres, en compagnie d’un casting notamment composé de Jonah Hill et d’Emma Stone…

Maniac-Justin-Theroux

Supergrave

Depuis Supergrave, en 2007, Jonah Hill et Emma Stone ont fait du chemin. Le premier a continué dans la comédie, avant d’étonner son monde avec Le Stratège et de faire montre d’une volonté d’assombrir un peu le ton, quitte parfois à tomber dans l’excès. La seconde pour sa part, a littéralement explosé, triomphant notamment aux côtés de Ryan Gosling dans l’excellent et galvanisant La La Land. Ici, avec Maniac, l’ambiance n’est plus du tout la même que dans Supergrave. Ce sont à des acteurs confirmés que nous avons affaire, ainsi qu’à une histoire propice à des envolées métaphysiques/lyriques/comiques/tragiques dont il vaut mieux ne rien savoir pour profiter au mieux du spectacle. Des comédiens en pleine possession de leur art, chacun œuvrant pour la bonne marche d’un récit leur offrant la possibilité d’explorer plusieurs registres, sans se priver de passer de la comédie au drame, de l’heroic fantasy au film d’action, en passant par le thriller ou bien sûr la romance. Mais c’est par ailleurs cette profusion de genres qui au final, nuit un peu à la portée de Maniac

Multiverse

Le postulat de Maniac fait voyager virtuellement les personnages dans de multiples « réalités ». Alors qu’ils sont tous censés vivre leur expérience propre, Emma Stone et Jonah Hill ne font que se rencontrer. Là est le nœud de l’histoire de la mini-série imaginée par Patrick Somerville : deux âmes perdues se télescopent sans cesse dans un monde généré par ordinateur, et vivent des aventures leur permettant d’accumuler des souvenirs pour ensuite travailler sur leur guérison dans le monde réel. La thérapie par le biais de la VR en quelque sorte ou comment panser des plaies et aller de l’avant grâce à une extrapolation quasi-surnaturelle. En voilà une idée séduisante. Cela dit, au bout du compte, alors que ni Somerville, ni Fukunaga ne semblent s’imposer de limite, et mélangent les saveurs, les tonalités et les techniques de narration ou de réalisation (Fukunaga s’arrange pour nous régaler avec une scène de baston en plan-séquence de toute beauté), la série, elle, n’arrive pas à faire preuve de la cohérence parfaite. Contrairement à un film comme Eternal Sunshine Of a Spotless Mind, auquel on pense beaucoup, Maniac se perd parfois et reste prisonnier de son délire en excluant un peu le spectateur, de son côté en droit de se sentir paumé. Alors que les histoires que vivent Emma Stone et Jonah Hill s’imposent comme autant de temps forts, toute la partie dans laquelle les docteurs incarnés par Justin Theroux et Sonoya Mizuno (tous les deux parfaits), peine à convaincre avec la même flamboyance. Il est question ici de sentiments naissants dans un contexte peu favorable. On nous parle d’un ordinateur qui aime et de médicaments destinés à rendre la vie plus supportable pour ceux qui souffrent mais le show peine à se montrer vraiment émouvant, ou drôle. Dans ses pires moments (tout est relatif), Maniac sonne aussi avec une prétention assez gênante. Le problème, c’est qu’au fond, parfois, la série, trop clinique, manque de liant et même si les épisodes peuvent être plutôt courts (leur durée est variable), l’ennui arrive parfois à s’inviter à la fête. Ennui heureusement de courte durée tant Maniac a aussi cette faculté de rebondir très rapidement, sans jamais rester statique. Une de ses grandes qualités. Parmi d’autres…

Maniac-Emma-Stone-Julia-Garner

En Bref…
Très ambitieuse, cette mini-série manque par contre un peu de cohérence. Heureusement, à la barre, Cary Joji Fukunaga fait un job admirable, aussi à l’aise dans l’intimité des sentiments refoulés que dans l’action, tout comme les acteurs, Emma Stone en tête, formidable comme toujours, à fleur de peau et solaire, à sa façon, habitée d’une étincelle unique lui permettant de tout jouer avec cette même puissance évocatrice.

@ Gilles Rolland

Maniac-Jonah-Hill-Emma-Stone
  Crédits photos : Netflix


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