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Max | Le cri du peuple

Publié le 13 janvier 2019 par Aragon

gj.jpgIls sont pathétiques, ils ne savent pas parler, ils s’expriment laborieusement, on se moque d’eux avec leur morceau de plastique fluo sur le dos, ils n'ont pas de chefs, pas de beaux et savants parleurs, on les a dit sans dents, c’est vrai, c’est parfois problématique d’aller chez le dentiste, de se faire remplacer des dents, c'est un produit de luxe une dent, ils sont parfois sans domicile, parfois sans travail, parfois avec, minables, ils font rire, ils font peur, on les dit Bidochon, on les dit facho, on les dit gaucho, on les dit tout ce qu’on veut et on a raison car ils sont tout, ils sont eux et si on regarde bien ils sont nous et nous en sommes, ils sont tout oui…

Ils sont ici, ils sont là-bas, ils sont partout, ils sont partout car ils sont chez eux, chez eux c’est là, dans les ronds-points, les places, les trottoirs et les rues, l’espace public leur appartient si l’espace intérieur des hôtels de luxe, des restaurants étoilés, des clubs privés, des hémicycles, des bureaux feutrés et capitonnés, des maisons confortables, des berlines allemandes ne les reçoit pas, ils ne lâcheront jamais le morceau car ils n’ont rien dans la bouche, rien à lâcher, pas de morceau, rien ou si peu…

Ils murmuraient au départ, puis ça c’est amplifié, ils grondent à présent, la voix, le souffle montent, se sont affirmés, ils s’affranchissent à la même vitesse que la mer monte dans la fameuse baie du Mont-Saint-Michel et ça frappe nos imaginations cette mer et ces gueux qui montent au galop. Emmanuel Macron est le premier Président depuis longtemps à entendre à présent le cri du peuple, ce n’est pas une révolte, ce n’est pas encore une révolution, c’est un mouvement en marche, lui, le jeune petit Président n’a pas « les marcheurs » avec lui, il n’a rien inventé d’un mouvement « en marche », il ne sait rien de la marche...

La marche elle est à présent là, dans les ronds-points, elle est dans les rues, les trottoirs et les places publiques le samedi en France et ça fait neuf samedis consécutifs que ça dure, ce n’est pas près d’être terminé, quand tu n’as rien ou si peu, tu te lèves un jour et tu commences à marcher et tu ouvres ta bouche et tu murmures au départ, puis ta voix s’affermit, puis ça devient voix de fausset, puis rauque, balbutiant, un peu hésitant, un peu maladroit, puis ça s’affirme, puis ça se maîtrise, ta langue a trouvé le chemin de ta bouche entière avec ta glotte, ton larynx, tes dents, tes lèvres, ta langue a enfin retrouvé sa place, tout est près dans ta « face » pour faire entendre ce qui n’est pas encore un cri mais qui le deviendra bientôt, et ça surprend, ça te surprend à toi d’abord marcheur sans dents, pathétique minable, tu ne pensais pas être capable d’ouvrir ta bouche, tu ne pensais pas savoir marcher, tu ne pensais pas être présentable à la vie…

Et ça me surprend moi qui était dubitatif et circonspect au départ, hein que ça te surprend aussi « tout ça », quidam qui reste chez toi, ça te surprend maire, élu local, ça te surprend homme politique professionnel de l'esbrouffe, ça te surprend secrétaire de ministère, ça te surprend ministre, ça te surprend premier ministre, ça te surprend Président élu des français qui ne te connaissent et ne te reconnaissent plus, hein que ça vous surprend tous, vous ne pensiez pas que ça soit possible qu’un ramassis de Bidochon, de soi-disants fachos-gauchos, de retraités, d’employés, ouvriers, paysans, jeunes, vieux, que « tout ça », qu’un peuple se mette un jour en marche…

Le cri du peuple enfle et monte au grand jour, pour le moment c’est un cri naissant, encore faible, emmailloté de langes, un cri au biberon, mais il grandit nourrit du lait du mal vivre, de la révolte, du ras-le-bol, il grandit et bientôt il sera un grand et puissant cri et alors, Emmanuel Macron, jeune et si naïf Président des français, tu ne pourras plus rien faire, tu ne pourras que constater ce cri du peuple devenu un puissant murmure comme un vent de tempête qui, ainsi que l’écrivait Albert Samain dans des temps anciens et écoliers en poésie française... rabattra les volets, et, là-bas, tordra la forêt comme une chevelure, des troncs entrechoqués montera un puissant murmure pareil au bruit des mers, rouleuses de galets, tu entendras tout ça Emmanuel Macron mais il sera trop tard, tu ne pourras plus rien faire, sinon être celui par qui, à son corps défendant, interviendra un total changement obligatoire de la société française

Le cri d’un peuple en marche contient toutes les armes du monde, il est l’arme la plus puissante qu’il soit car il est humain, il n’est que ça...


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