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577° Macron fait sa dissert..

Publié le 15 janvier 2019 par Jacques De Brethmas

L’idée d’un grand débat, ce n’est pas une idée de génie, c’est tout simplement -et enfin – ce qu’on aurait du faire depuis longtemps, ce que les gouvernements précédents ont toujours retardé, et que ce gouvernement a fini par accepter parce que les Français lui ont mis le couteau sous la gorge.
Il est évident qu’il va falloir remettre beaucoup de choses sur le métier pour permettre au pays de redémarrer sur de bonnes bases.
J’ai donc lu avec attention la lettre que le président des riches a bien voulu rédiger à l’attention du petit peuple qui renâcle. D’emblée, on sent le départ de monsieur Sylvain Fort, qui était à l’Élysée la plume de Jupiter.
577° Macron fait sa dissert..
Finies les grandes envolées lyrico-romantiques, les accents gaulliens d’apothéose républicaine, les glorieux couchers de soleil sur la grandeur de la patrie. Le magicien des mots est parti, et ça se sent.
Le pensum reste une bonne rédaction sans doute moultes fois relue et corrigée, expurgée des répétitions et autres maladresses linguistiques, mais quand même un peu tristounette.
Toutefois, dès les premières lignes, une grosse arête vient entraver la mastication. :
« Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle. »
Premier boulet dans le bel édifice rédactionnel : Non, monsieur Macron, vous n’avez pas été élu sur votre projet. Votre projet, il a recueilli 17 % des voix au premier tour. A deuxième tour, vous n’avez été élu que comme parapluie contre Marine Le Pen…
Après cela, la lanterne dont vous vouliez éclairer votre discours n’est plus qu’une vessie…
Comment vous croire maintenant? D’autant plus que vous avez balayé d’un revers de manche les requêtes considérées par les Français comme un véritable préalable à l’ouverture d’un vrai débat : l’impôt sur la fortune.
Vos technocrates auront beau essayer de me persuader que j’ai appris l’économie dans Picsou Magazine. C’est une de leur façon de mépriser le petit peuple. En fait, effectivement, je n’ai pas appris l’économie comme une science abstraite, mais en payant mes factures, en essuyant les refus que mes patrons opposaient à mes demandes d’augmentation, en allant pleurer chez mon banquier pour qu’il me permette de bouffer jusqu’au 31, et en constatant que ma retraite va en diminuant alors que pendant quarante ans, mes cotisations ont été en augmentant.
Et en voyant bien des choses écœurantes dont je ne vais pas refaire la liste, d’autant plus que je suis persuadé que les scandales qui n’éclatent jamais sont bien plus nombreux que ceux que je peux voir.
Utile ou pas, l’impôt sur la fortune est un symbole de justice fiscale. Quand ça vous arrange, vous n’êtes pas le dernier à brandir le symbole à l’appui des valeurs dont vous êtes ou vous croyez être le garant. Votre souci du symbole est allé jusqu’à changer l’entête du papier à lettre de l’Élysée… C’est dire !
Mais le symbole n’est pas seulement un artefact réservé aux élites. Le symbole parle, il représente, signifie. Et en l’occurrence, celui de l’ISF est perçu comme un signe de justice fiscale.
Seraient également perçus comme des signes de justice fiscale la réduction des taxes sur le gaz et l’électricité, qui sont toutes deux supérieures à 50 %. Il suffirait de considérer que ce sont là des produits de première nécessité. Mais ça ne vous arrange pas, hein ?
Vous préférez transformer en flat tax une taxe sur les revenus boursiers dont les bénéficiaires se comptent plus parmi vos camarades de pouvoir que dans le peuple laborieux. Une bonne mesure serait également de ramener à au moins 8 ou 10 le nombre de tranches sur l’impôt sur le revenu : il serait ainsi plus progressif. Sans tomber dans les 14 tranches promises par monsieur Mélenchon, un étalement plus large de l’assiette assurerait une meilleure équité.
Sans doute espérez vous que les Français vont s’égarer dans les histoires d’immigration, et sur les valeurs laïques à propos desquelles vous faites tout votre possible pour créer la zizanie… Cela vous permettrait sans doute de poursuivre « sous la table » le plan financier inexorable qui est le vôtre de rétrograder les classes moyennes au niveau de « la France d’en bas ».
Vous y laisserez vos dents. La France d’en bas emplit les rues, brûle quelques voitures et tague quelques murs. Les classes moyennes sont les forces vives dont les nantis ont besoin pour dominer. La gageure est bien différentes.
C’est l’humoriste Guillaume Meurice qui a le mot de la fin à propos de votre grand débat :
« Il est temps de discuter ensemble sur la manière dont nous allons faire comme j’ai prévu »

En attendant le débat…


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