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Jean Paul II, La chair s'oppose à l'esprit et l'esprit à la chair

Publié le 07 juillet 2008 par Walterman

Jean Paul II, La chair s'oppose à l'esprit et l'esprit à la chair

55 Hélas, l'histoire du salut le montre, cette proximité et cette présence de Dieu à l'homme et au monde, cette admirable "condescendance" de l'Esprit, rencontre dans notre réalité humaine résistance et opposition. Quelle éloquence revêtent, de ce point de vue, les paroles prophétiques du vieillard Syméon qui, "poussé par l'Esprit", vint au Temple de Jérusalem, pour annoncer devant le nouveau-né de Bethléem qu'il devait "amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël, signe en butte à la contradiction"! (Lc 2,27.34) L'opposition à Dieu, qui est Esprit invisible, naît déjà, dans une certaine mesure, sur le terrain de la différence radicale du monde par rapport à Lui, c'est-à-dire de sa "visibilité" et de sa "matérialité" par rapport à Lui qui est "invisible" et "Esprit au sens absolu"; elle naît de son imperfection naturelle et inévitable par rapport à Lui, l'être absolument parfait. Mais l'opposition devient conflit, rébellion, sur le plan éthique, à cause du péché qui prend possession du coeur humain, dans lequel "la chair s'oppose à l'esprit et l'esprit à la chair" (Ga 5,17). Ce péché, l'Esprit Saint doit le "mettre en lumière" dans le monde, comme nous l'avons dit.
Saint Paul est celui qui décrit avec une particulière éloquence la tension et la lutte qui agitent le coeur humain. "Ecoutez-moi - lisons-nous dans la Lettre aux Galates -: marchez sous l'impulsion de l'Esprit et vous n'accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s'oppose à l'esprit et l'esprit à la chair; entre eux, c'est l'antagonisme; aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez" (Ga 5,16-17). Déjà dans l'homme, parce qu'il est un être composé, esprit et corps, il existe une certaine tension, il se déroule une certaine lutte de tendances entre l'"esprit" et la "chair". Mais cette lutte, en fait, appartient à l'héritage du péché, elle en est une conséquence et, en même temps, une confirmation. Elle fait partie de l'expérience quotidienne. Comme l'écrit l'Apôtre: "On sait bien tout ce que produit la chair: fornication, impureté, débauche, ... orgies, ripailles et choses semblables". Il s'agit là des péchés qu'on pourrait qualifier de "charnels". L'Apôtre en ajoute d'autres encore: "Haines, discorde, jalousie, ... dissensions, divisions, scissions, sentiments d'envie ..." (Cf. Ga 5,19-21). Tout cela constitue "les oeuvres de la chair".
Mais à ces oeuvres qui sont indubitablement mauvaises, Paul oppose "le fruit de l'Esprit", qui est "charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi" (Ga 5,22-23). Du contexte, il ressort clairement que, pour l'Apôtre, il ne s'agit pas de mépriser et de condamner le corps qui, avec l'âme spirituelle, constitue la nature de l'homme et sa personnalité de sujet; il traite, par contre, des oeuvres ou plutôt des dispositions stables - vertus et vices - moralement bonnes ou mauvaises, qui sont le fruit de la soumission (dans le premier cas) ou au contraire de la résistance (dans le second cas) àl'action salvatrice de l'Esprit Saint. C'est pourquoi l'Apôtre écrit: "Puisque l'Esprit est notre vie, que l'Esprit nous fasse aussi agir" (Ga 5,25). Et dans d'autres passages: "Ceux en effet qui vivent selon la chair désirent ce qui est charnel; ceux qui vivent selon l'esprit, ce qui est spirituel". "Vous êtes sous l'emprise de l'Esprit, puisque l'Esprit de Dieu habite en vous" (Cf. Rm 8,5.9). L'opposition que saint Paul montre entre la vie "selon l'Esprit" et la vie "selon la chair" entraîne une autre opposition: celle de la "vie" et celle de la "mort". "Le désir de la chair, c'est la mort, tandis que le désir de l'esprit, c'est la vie et la paix"; d'ou l'avertissement: "Si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Mais si par l'Esprit vous faites mourir les oeuvres du corps, vous vivrez" (Rm 8,6.13).
Tout bien considéré, il y a là une exhortation à vivre dans la vérité, c'est-à-dire selon les exigences de la conscience droite, et il s'agit, en même temps, d'une profession de foi dans l'Esprit de vérité, celui qui donne la vie. Le corps, en effet, "est mort en raison du péché, mais l'Esprit est vie en raison de la justice"; "ainsi donc ... nous sommes débiteurs, mais non point envers la chair pour vivre selon la chair" (Rm 8,10.12). Nous sommes plutôt débiteurs envers le Christ qui, dans le mystère pascal, a accompli notre justification, en nous obtenant l'Esprit Saint: "Quelqu'un a payé le prix de votre rachat" (1Co 6,20).
Dans les textes de saint Paul se superposent et s'imbriquent la dimension ontologique (la chair et l'esprit), la dimension éthique (le bien et le mal moral), la dimension pneumatologique (l'action de l'Esprit Saint dans l'ordre de la grâce). Ses paroles (spécialement dans les Lettres aux Romains et aux Galates) nous font connaître et ressentir vivement la vigueur de la tension et de la lutte qui se déroulent dans l'homme entre, d'un côté, l'ouverture à l'action de l'Esprit Saint, et, de l'autre, la résistance et l'opposition à son égard, à son don salvifique. Les termes ou les pôles opposés sont, de la part de l'homme, ses limitations et son caractère pécheur, points névralgiques de sa réalité psychologique et éthique; et, de la part de Dieu, le mystère du Don, ce don incessant de la vie divine dans l'Esprit Saint. Qui sera victorieux? Celui qui aura su accueillir le Don.


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