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Le Château ambulant. La guerre steampunk

Par Balndorn
Le Château ambulant. La guerre steampunk
Résumé : La jeune Sophie, âgée de 18 ans, travaille sans relâche dans la boutique de chapelier que tenait son père avant de mourir. Lors de l'une de ses rares sorties en ville, elle fait la connaissance de Hauru le Magicien. Celui-ci est extrêmement séduisant, mais n'a pas beaucoup de caractère... Se méprenant sur leur relation, une sorcière jette un épouvantable sort sur Sophie et la transforme en vieille femme de 90 ans.

Accablée, Sophie s'enfuit et erre dans les terres désolées. Par hasard, elle pénètre dans le Château Ambulant de Hauru et, cachant sa véritable identité, s'y fait engager comme femme de ménage. Cette "vieille dame" aussi mystérieuse que dynamique va bientôt redonner une nouvelle vie à l'ancienne demeure.
Ah, Le Château ambulant ! Le premier Miyazaki que je vis à sa sortie en salles ! Et à cette occasion, ma famille et moi-même nous permîmes une bonne dizaine de minutes de retard.
L’art du grand spectacle
La scène se passe, comme bien des films de mon enfance, à l’UGC Ciné Cité du centre commercial Créteil Soleil. En 2004, année de sortie du Château ambulant, le multiplexe fêtait son premier anniversaire. Pour moi qui avais vu Mon Voisin Totoro dans le minuscule cinéma Art & Essai de la Lucarne (à Créteil) et Kiki la petite sorcière dans une petite salle du Pathé de Belle Épine (centre commercial à Thiais), aller voir un film à UGC relevait de l’épopée.C’est avec les sens mis en émois par les moyens propres au grand spectacle promis par UGC que je découvris le Château ambulant. J’en ressentis toute sa dimension proprement spectaculaire : la machinerie fantasque du château qui donne son titre au film, les ravages de la guerre industrielle, les vols noirs de l’élégant Hauru…Le spectacle me marqua à tel point que, par la suite, je ne comprenais pas les critiques adressées à son encontre. Lorsque des années après, je présentais Le Château ambulant à mon père, pourtant admirateur du maître japonais (c’est lui qui fit entrer ma sœur et moi dans son univers), et qu’il le trouva « fleur bleue », c’est comme si c’était moi qu’il attaquait. Étrange renversement des choses : c’est ce même film que, premier d’une longue série, je présentais à ma chère et tendre. Dans le même ordre d’idées : c’est sur les séquences de bataille qui y sont dépeintes (ainsi que celles de Nausicaä de la vallée du vent et Princesse Mononoké) que j’appuyais l’essentiel de mon argumentaire lors de mon oral d’option cinéma au baccalauréat. C’est dire l’importance que Le Château ambulant prit dans ma vie, cinéphile et autre.
Un conte de la guerre
Mais que pouvais-je bien trouver de bien à ce conte « fleurs bleues » ? Oui, il l’est, indéniablement. Si l’on considère l’amour entre Sophie et Hauru comme une romance gentillette. Ce qu’elle est absolument loin d’être. Certes, leur amour impossible – elle transformée par la sorcière des Landes en vieille femme de soixante ans, lui passant ses nuits à guerroyer pour le compte de la souveraine d’un pays qui ressemble à l’Angleterre – se rattache à tout un pan du romantisme européen. Sur ce point, Miyazaki n’apporte rien de neuf, d’autant qu’il adapte librement Le Château de Hurle de la romancière Diana Wynne Jones.Mais visuellement, quelle claque ! Le cinéaste va plus loin dans la représentation de la guerre que Princesse Mononoké. Ce dernier entachait déjà sérieusement l’imagerie héroïque, en brossant à grands traits rouge sang les champs de bataille et les blessures mortelles. Moins réaliste, plus fantastique, Le Château ambulant dépeint la guerre sous les traits de créatures allégoriques : aux bombes qui tombent sur la ville endormie se substituent des êtres informes de couleur mauve, se glissant dans les ruelles, bouchant les fenêtres, éclatant les vitres, cherchant à absorber toute vie et à la noyer dans le néant de leur non-existence. La guerre comme déchaînement de forces souterraines, libérées afin d’exterminer l’adversaire jusque dans sa chambre à coucher. Image cauchemardesque qui vous marque un gamin de dix ans. Elle marqua aussi Hiromasa Yonebayashi, puisque Mary et la Fleur de la sorcière, son premier long-métrage hors du studio Ghibli, reprit ces figures éthérées et malsaines.Le Château ambulant est à l’image de son style steampunk. Une boule d’énergie, un bricolage d’éléments hétéroclites dont l’entrechoquement permanent provoque la mise en branle généralisée de la machine. L’amour a pour corollaire la guerre ; la magie l’industrie ; la jeunesse la vieillesse ; l’humour la tristesse ; la lumière l’obscurité. Toutes ces choses se répartissent de part et d’autre de Sophie, Hauru, Calcifer, Navet et la sorcière, créant cet état d’esprit un peu fou qui anime la soufflerie prodigieuse qu’est Le Château ambulant.Bref. Même en retard à la séance, ne loupez pas un tel film.
Le Château ambulant. La guerre steampunk
Le Château ambulant, Hayao Miyazaki, 2004, 1h59
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