Magazine Culture

Critique Ciné : Grâce à Dieu (2019)

Publié le 26 février 2019 par Delromainzika @cabreakingnews

Grâce à Dieu // De François Ozon. Avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud.


Vivant à Lyon, j’ai pu voir de près se traiter cette affaire Preynat-Barbarin. J’étais donc curieux de voir le traitement que François Ozon pouvait en faire et le moins que l’on puisse dire c’est que le film est fort. Il mélange alors les thématiques : le film politique, un film sociétal qui remet en question certains principes, mais aussi la question de la foi dans ce genre de circonstance (« Tu crois encore en Dieu papa ? ») soulevée de façon discrète (probablement pour ne pas trop déranger le Vatican). Si l’Eglise a tenté de faire interdire le film en France, la justice a décidé de le laisser sortir en salles, plaidant la liberté d’expression et je dois avouer que Grâce à Dieu réussi à faire parler ses personnages sur les divers sujets de façon intelligente. François Ozon confirme encore une fois qu’il est l’un de nos meilleurs cinéastes et dresse ici le portrait d’hommes fragiles qui ne vont jamais faiblir face à tous ceux qui vont vouloir leurs mettre des bâtons dans les roues. Je trouve le film plein de courage, à la fois pour la production qui a voulu porter un tel sujet sensible à l’écran, mais aussi pour ces hommes courageux de porter la voix libérée. Le film démantèle alors les préceptes de l’Eglise, notamment le mot « pédophile » qu’ils ne veulent pas entendre et qui ne représentent pas pour eux la même chose.

Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il se lance alors dans un combat, très vite rejoint par François et Emmanuel, également victimes du prêtre, pour « libérer leur parole » sur ce qu’ils ont subi.
Mais les répercussions et conséquences de ces aveux ne laisseront personne indemne.

Melvil Poupaud de son côté brille par sa présence lumineuse du début à la fin du film. C’est lui qui porte haut et fort les couleurs de ce film et parvient à nous transporter dans une aventure presque macabre. La puissance du propos fait aussi la réussite de ce film et les mots employés dans le scénario de François Ozon ont toujours une signification qui va au delà du récit lui-même, mais propose aussi de faire réfléchir les spectateurs ce qu’ils sont en train de voir. De plus, la narration est de son côté particulièrement fluide, sans aucun temps morts, démontrant une fois de plus la précision de l’écriture du scénariste/réalisateur. A chaque scène, le film se mue en quelque chose de plus ivre de colère qu’il ne l’était auparavant. Le côté épistolaire de la chose rend là aussi le récit d’autant plus passionnant, donnant parfois l’impression de se plonger dans un recueil de ces lettres échangés entre les personnages et l’Eglise catholique de Lyon (ou même plus haut, le Vatican). Finalement, Grâce à Dieu restera probablement cette année comme un exercice à part entière, du cinéma de la vérité particulièrement fort et courageux qui donne un peu plus de lumière à un sujet que l’Eglise s’efforce depuis des années d’étouffer.

Note : 9.5/10. En bref, grâce à Dieu la liberté d’expression et le cinéma existent pour porter de tels films, mais aussi la justice pour les soutenir.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Delromainzika 18158 partages Voir son profil
Voir son blog