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[Critique] Vice

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] Vice

[Critique] Vice
Fin connaisseur des arcanes de la politique américaine, Dick Cheney (Christian Bale) a réussi, sans faire de bruit, à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush (Sam Rockwell). Devenu l’homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on sent encore les conséquences aujourd’hui.

Après The Big Short, dans lequel il décortiquait de manière facétieuse – mais brillante – la crise des subprimes de 2008, Adam McKay poursuit, avec Vice, son travail de décryptage de l’histoire américaine. A travers le destin hors norme de Dick Cheney, vice-président dans l’administration Bush, le réalisateur nous donne cette fois à voir les coulisses du pouvoir.

A l’instar de son œuvre précédente, le cinéaste mise à nouveau sur des codes bien spécifiques pour relater son histoire. Voix-off omniprésente/omnisciente, narration explosée, montage survitaminé ou encore vraies-fausses images d’archives, tous les moyens sont bons pour rendre le long-métrage drôle, divertissant et accessible. Ce qui n’empêche toutefois pas ce dernier d’offrir un véritable propos. Derrière la folie douce qui l’anime, le film dresse en effet un portrait saisissant du politicien, figure de l’ombre à l’opportunisme dévastateur. Non seulement il parvient brillamment à mettre en lumière l’influence considérable du personnage sur la politique américaine (un élément qui transparaissait peu médiatiquement à l’époque), mais il dépeint aussi avec clarté et virtuosité toutes les conséquences de ses agissements. Extrêmement dense, le récit n’évite pratiquement aucun sujet, traitant autant des manipulations politiques et financières que des arrangements avec la constitution ou du mensonge d’état accablant utilisé pour justifier la guerre en Irak, et gonfler par la même occasion les bénéfices d’une multinationale pétrolière dont Cheney était justement PDG.

[Critique] Vice
Si le film se veut résolument accessible, grâce notamment à un bel effort de vulgarisation des rouages du système, un minimum de connaissance du monde politique américain est toutefois souhaitable pour pouvoir profiter pleinement de toute la richesse du récit. En faisant le choix – légitime – de concentrer toute son attention sur Cheney, le scénario expédie en effet un peu vite certains événements périphériques. Cela étant, il faut le souligner, le long-métrage ne se concentre pas uniquement sur les arcanes du pouvoir, il s’intéresse aussi en parallèle à la vie de famille du politicien. L’occasion, notamment, de constater la grande influence de ses filles sur son parcours, mais aussi et surtout de sa femme. Interprétée de façon magistrale par Amy Adams, celle-ci constitue sans nul doute son moteur principal. Face à elle, Christian Bale délivre une performance majeure. Méconnaissable, l’acteur américain s’empare avec une justesse déconcertante des caractéristiques physiques notables du personnage. A ses côtés, Sam Rockwell et Steve Carell sont tout aussi convaincants dans la peau de George W. Bush et Donald Rumsfeld. Finalement, l’une des rares faiblesses du film est de ne pas éviter quelques longueurs.

A travers le parcours stupéfiant de Dick Cheney, figure de l’ombre ayant occupé le poste de vice-président dans l’administration Bush, Adam McKay livre donc un biopic fascinant, aussi drôle et pédagogique que corrosif et effrayant. Satire cinglante de la politique américaine, le film peut notamment s’appuyer sur la prestation grandiose d’un Christian Bale méconnaissable pour marquer durablement les esprits.


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