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Marathon, Florida, de Carole Allamand

Publié le 12 mars 2019 par Francisrichard @francisrichard
Marathon, Florida, de Carole Allamand

Me voici donc flottant entre deux continents, et surtout deux langues.

Et le lecteur flotte avec l'auteure, entre Marathon, Florida, et Genève, entre deux livres, comme entre deux rives, entre une enquête policière là-bas et une autobiographie ici. Car le livre de Carole Allamand en contient deux, de dimensions inégales (qui forment les deux parties d'un tout), proportionnelles, dirait-on, aux lieux où ils se passent.

Ce sont des mots-clés qui relient les deux livres, comme le feraient des ponts entre ces deux rives, montrant à la fois la distance et la proximité existant entre un écrivain et son oeuvre. Les histoires qu'un écrivain raconte ne sortent jamais de nulle part. Elles sont en quelque sorte le miroir plus ou moins déformé par son imaginaire de ce que sa mémoire a retenu.

Il en va de même dans ce livre à deux faces, comme Janus, l'une tournée vers un passé réel, correspondant à une moitié de vie, et l'autre vers un passé rêvé, correspondant à l'autre. La première partie doit ses prémices à la deuxième. Le lecteur, qui a dans l'esprit le rêve américain, découvre en lisant la deuxième les éléments provenant de la réalité européenne.

A Marathon, en Floride, deux couples, les Salvatore, Tony et Grace, et les Baker, Bob et Marilyn, sont devenus plus que des amis. Et il en est de même pour leurs enfants. Les Salvatore tiennent un hôtel-restaurant, le Paradisio, Bob Baker est officier de la police judiciaire: Pendant près de quinze ans, les Salvatore et les Baker avaient vécu comme une seule famille.

Tout était donc pour le mieux dans le meilleur des coins ensoleillés. De plus, Alberto [Salvatore] et sa soeur étaient bons élèves resplendissant de santé et toujours le rire aux lèvres. Quant au petit Luke [Baker], il se distinguait déjà à la natation... Et puis tout s'était écroulé... Alors que Cordelia Norma Salvatore travaille comme infirmière, le corps de son frère Alberto est retrouvé en contrebas d'une jetée sur la côte est de l'Île Sans Nom...

Norma abandonne son job à l'hôpital, dans le New Jersey, où elle n'aura passé que six mois, et revient en Floride pour élucider le mystère de la mort de son frère. Trois ans plus tard, devenue sergent de la police judiciaire de Marathon, elle obtient de son chef, qui n'est autre que le capitaine Bob Baker, la réouverture de l'enquête après qu'elle a fait un rapprochement.

Al était journaliste et enquêtait sur les scandales écologiques. Or son corps présentait aux jambes et aux bras une affection semblable à celle que présentent certains résidents de l'Île Sans Nom. La firme Crodino LLC, la plus grande compagnie d'épuration des eaux locale, a, entre autres délits, fait, à cet endroit-là, usage d'un dispersant hautement toxique qui est à l'origine de telles lésions sanguinolentes

C'est à un véritable thriller que convie l'auteure qui connaît bien le continent américain et en détient les codes. Si bien que le lecteur est réellement transporté outre-atlantique et s'y laisse prendre. Quand il en arrive à la deuxième partie, il est tout d'abord incrédule: quels liens peut-il y avoir avec la première? Puis il rencontre ces mots-clés qu'il y a découverts et qui deviennent alors pour lui des mots de passe...

Francis Richard

Marathon, Florida, Carole Allamand, 272 pages, Zoé


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