Magazine Asie

« Hell » de Yasutaka Tsutsui

Par Pierrec

Yûzô, Nobuteru et Takeshi sont trois amis de collège inséparables. Ils ne se quittent jamais, jusqu'au jour où l'un des trois, Takeshi, se blesse gravement à la jambe à cause d'un jeu stupide. L'enfant restera handicapé à vie, et ses deux amis, honteux, n'oseront plus lui adresser la parole. Après les années de collège, chacun suivra sa propre route professionnelle et personnelle. Takeshi aura une belle carrière dans une grande entreprise, Nobuteru s'occupera d'affaires aux marges de la légalité et fréquentera différents bas-fonds de Tôkyô, quant à Yûzô, il deviendra tout simplement et logiquement un médiocre yakuza. Tous les trois ne se reverront plus jusqu'à ce qu'ils se retrouvent, après leur mort... en enfer.

L'Enfer est un endroit sans dieu ni bouddha. On n'y ressent ni sentiments, ni haine, ni rancœurs. Le temps en Enfer n'est pas une constante. Tout paraît futile à ceux qui s'y retrouvent. Il suffit juste de regarder un individu dans les yeux pour connaitre tout de sa vie. C'est dans ce monde parallèle que les trois amis feront la connaissance de Konzô, un étrange chanteur de kabuki qui ne cesse de se perdre dans les coulisses d'un théâtre, d'une voyante engagée par la police pour retrouver des personnes disparues et qui finira par être assassinée, ou encore une femme-démon responsable d'un étrange cortège qui semblerait se diriger vers une fin probable.

" Hell " est un livre que l'on pourrait ranger sans trop de peur de se tromper dans la catégorie des œuvres typiquement japonaises, ou plutôt dans la catégorie des œuvres à part de la littérature japonaise. À la fois burlesque, déjanté, glauque ou encore surréaliste, il peut se comparer à un autre livre-ovni du même auteur " Les hommes salmonelle sur la planète porno ". La temporalité du récit est conforme à celle que l'on pourrait retrouver dans l'" Enfer " de Yasutaka Tsutsui. Tel Konzô, le chanteur de kabuki égaré dans son théâtre, le lecteur se perd et croit se retrouver tout au long de ce roman atypique et à l'humour décalé que l'on retrouve dans certaines œuvres littéraires ou cinématographiques nippones.

Le cortège funèbre final vaut à lui seul la lecture de ce roman. Yasutaka Tsutsui nous plonge dans les brumes finales de cette vie en enfer avec un brio et une acuité descriptive tout à fait maitrisés.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pierrec 245 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte