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Danse avec Saint-Georges à la HAVANE

Publié le 22 mars 2019 par Halleyjc

Danse avec Saint-Georges à La HAVANE

Une semaine mémorable

En hommage à ceux qui ont participé à cette folle aventure !

Un mécénat éclairé

Il fallait de la vista pour imaginer un tel projet, Il fallait aussi beaucoup de courage et d’obstination pour le mener à son terme contre vents et marées. Le cyclone Wilma ne fit que reporter la date de l’évènement, mais rien ne pouvait véritablement empêcher l’arrivée triomphale de Saint-Georges à CUBA. L’artisan de ces 8 jours de plaisir et de joie est Monsieur Marcel-André CLEMENT qui a su allier dans ce défi, et la danse dont il est un « officionado » averti, et la musique de Saint-Georges qu’il connaît sur le bout des doigts. Il a su mobiliser les énergies en Europe et aux Amériques pour mettre en œuvre concerts, conférences, émission de radio et de télévision, et surtout la création en première mondiale d’un Ballet consacré au « Caballero Negro ». Et grâce à l’organisation méticuleuse de la Coordinatrice Général du Projet, Madame Nelis Leal Navas, voici les Cubains et les Cubaines, qui parlent tout naturellement des amours de Nanon et de Georges, et de la formidable traversée du siècle des lumières de ce fils d’esclave né à la Guadeloupe.

Un ballet

Un Ballet somptueux sur le thème du Chevalier et avec sa musique aura rempli par deux fois la belle salle du Théâtre « Mella ». Et le dimanche après midi, une dizaine de télévisions avaient envoyé des caméras pour filmer l’évènement. On notait aussi la présence de 150 étudiants en médecine de l’Équateur venus satisfaire leur curiosité, attisée par le vrai « ramdam » permanant sur les ondes à propos de Saint-Georges. Le Ballet créé par l’équipe Pro DANZA de Madame Laura ALONSO, peut revendiquer sans hésitation les qualificatifs les plus élogieux : les décors sont éloquents et évocateurs, la chorégraphie impeccable, les costumes beaux et lumineux, la scénographie moderne et réaliste, et les danseurs brillants comme seul sait en fabriquer Cuba…

Nous ne sommes pas prêts d’oublier ce prélude double et alterné opposant, la Métropole à ses Colonies, les Maîtres à leurs esclaves, les Blancs aux Noirs, le Kalenda au Menuet… ni non plus l’amour de Georges et Nanon dans ce pas de deux expressif, juste et sensuel…. Encore moins l’enchaînement des tableaux évoquant tour à tour la période de l’initiation du jeune Joseph, le tourbillon de plaisir dans lequel Saint-Georges est emporté, l’évocation mouvementée de la Révolution Française, et la mort dramatiquement réaliste de Marie-Antoinette.

Une conférence sur Saint-Georges

La Casa Victor Hugo, très engagée dans la réalisation de cette semaine, s’est mis en totale disponibilité en offrant le cadre de cette vielle demeure réhabilitée par le Sénat Français. Elle fut un lieu privilégié pour des échanges sur le personnage ; car il fallait bien satisfaire la curiosité des hôtes de Saint-Georges sur les multiples épisodes de sa vie.

Une exposition de peinture

La CASA recevait aussi une belle exposition de peinture de jeunes artistes s’exprimant « à leur main » sur ce personnage qu’ils découvraient pour la toute première fois. Et lors du vernissage leurs explications recueillaient l’intérêt sinon l’approbation du nombreux public des visiteurs.

Une messe d’action de grâce

Une messe d’action de Grâce fut dite en la Cathédrale de la HAVANE. Et Monsieur le Curé, très au fait de l’histoire de Saint-Georges, disait très simplement que Dieu avait offert à Saint-Georges ce « Talent »… Mais Saint-Georges l’avait à ce point fait fructifier que deux cent ans après sa mort sa musique est encore jouée. Et en écoutant ce vrai plaidoyer pour le Musicien de Baillif, on pouvait se dire que nous avions beaucoup de chance de disposer d’un tel personnage, mais que l’on nous demanderait aussi des comptes sur ce que nous aurions fait pour lui. En tous les cas CUBA aura fait beaucoup et il faut en témoigner.

Un Concert

La « Basilica Menor del Convento San Fransisco de Asis » est un véritable bijou d’ambiance et de sonorité… Dès que l’on découvre cet imposant bâtiment au milieu d’une vaste place pavée, l’on soupçonne que le choix de ce lieu n’a pas été fait au hasard… La ville bruisse de l’annonce du Concert de l’orchestre de cordes « Entre Amigos » et du talent de son Chef Irving Frontela qui a tenu à faire participer à la fête annoncée le « Quatuor à cordes Amadeo Roldan »  dirigé par Léonardo Pérez Baxter.

La très belle symphonie opus 11 n° 2

Pendant que les musiciens peaufinent leurs derniers accords avec un chef virevoltant, fou de plaisir ou de trac, on peut déambuler dans les patios d’un ancien cloître occupé maintenant par les Douanes Cubaines… Le public arrive petit à petit et au fur et à mesure que la salle se remplit, s’efface l’inquiétude des organisateurs… les réalisateurs de la Société SHAKTI, venus spécialement de la Guadeloupe pour immortaliser en image cet évènement, jettent un dernier regard au travers de leur objectifs,… les officiels entrent et sont placés aux toutes premières rangées,… Le décor est en place. La salle est pleine à craquer. A gauche un immense portrait de Saint-Georges et dans le chœur en trompe l’œil (trace d’un ancien cyclone) les pupitres et les chaises des musiciens… Ils entrent d’ailleurs sous les encouragements du public… Trente jeunes et beaux musiciens tous vêtus de noir. Le premier violon leur donne le LA et arrive alors le Maestro Irving dans un très beau costume blanc… il est grand, immense, élégant, souriant… il salut le premier violon s’incline devant le public et prend possession de son orchestre…  le concert tant attendu débute…

Danse avec Saint-Georges

Les premières notes de la Symphonie Opus 11 N° 2 raisonnent dans cette vaste église et le plaisir, le frisson, l’émotion sont immédiatement présents : les connaisseurs gouttent ces notes qui servent aussi à l’ouverture de l’Amant Anonyme joué en ce moment même à l’Opéra de Metz… et nous nous laissons emporter par la musique et le spectacle… Car Irving est à lui seul un spectacle… La musique que nous entendons n’est pas celle des précédents concerts. La musique que nous entendons vient de nulle part. La musique que nous entendons chante notre caraïbe. Je lis dans le regard des musiciens quelque chose qui peut être un mélange de plaisir, de confiance, d’enthousiasme… J’entends de nouvelles cadences, de nouvelles sonorités… J’essaye de suivre les violons lorsque Irving précédant la musique les invitent de la main… puis ce sont les altos et le violoncelle rapidement relayés par la flûte et les cuivres… mais voici encore les violons… Alors je me résigne à suivre le Chef qui précède toujours d’un temps les notes et les thèmes… ses gestes viennent d’un autre monde ou mieux de notre monde et alors je me pose la question iconoclaste de savoir si ce Saint-Georges que j’ai devant moi est le Saint-Georges du XVIIIème siècle, coqueluche des femmes de son temps, mais aussi Chef incontesté des meilleurs Orchestres d’Europe… Cette autorité,  ces gestes somptueux, ces mimiques de plaisirs, ce regard qui monte, vers un Saint Christophe incrédule et impassible, comme pour accompagner les notes… non ! Décidément je ne me souviens pas d’avoir jamais ressenti de telles émotions… le premier mouvement s’achève dans un tutti soutenu avec force et poigne par un chef en transe…

Un public de connaisseur

Suit le silence respectueux du public qui reprends souffle et s’attend au meilleur de Saint-Georges. Ce public est fin connaisseur et sait que ce mouvement largo qu’il va entendre maintenant évoque, traduit des sentiments, nos sentiments… la passion, l’amour, la tristesse… chatoyant mystère que celui des mouvements lents de Saint-Georges… Le troisième mouvement tient aussi ses promesses et les applaudissements nourris traduisent plénitude et extase.

Découverte du « Cuartelo Roldan »

Mais nous n’en sommes qu’au début du concert… l’orchestre laisse la place à un Quatuor qui va exécuter deux des quatre quatuors de la prime jeunesse du compositeur… Les deux mouvements de chaque œuvre s’enchaînent avec délice et les deux violons, l’Alto et le violoncelle rivalisent, dialoguent s’épanchent au rythme de la musique de Saint-Georges.

Voici à nouveau Irving et ses amis… Ils ont inscrit à leur programme, toujours dans l’Opus 11, la Symphonie N° 1. Moins connue que la seconde elle est aussi en trois mouvements : Allegro, Adagio, Presto…

C’est la fin… Le public se lève spontanément pour une véritable ovation… Irving arrive enfin à calmer cet enthousiasme et propose en bis une très courte et délicieuse mélodie de sa composition, comme pour nous dire que Saint-Georges reste Saint-Georges, mais que Cuba a aussi sa propre musique tout aussi belle.

La fin de la soirée est encore toute pleine du plaisir d’échanger ses impressions d’un groupe à l’autre de se faire photographier devant le beau tableau du Chevalier.

Des remerciements

Des remerciements doivent être adressés à tous et en particulier à :

Ø      Madame l’Ambassadeur de France à Cuba,

Ø      et à l’Association Guadeloupe-Cuba, Perles des Caraïbes, dont le Président d’Honneur est Monsieur Marcel André CLEMENT.

Ce voyage aura permis aussi de bien belles rencontres par exemple avec Madame Nancy MOREJON, la Directrice de la CASA DE LAS AMERICAS, ou avec Monsieur le Délégué Général de l’Alliance Française très fière de ses 6 000 étudiants.


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