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Exposition « Meeting point » Davor VRANKIC | Àcentmètresducentredumonde

Publié le 22 mars 2019 par Philippe Cadu

Du 30 Mars au 25 Mai 2019Vernissage vendredi 18 janvier à partir de 18h30

http://www.acentmetresducentredumonde.com/fr

Nous sommes invités à nous laisser envahir par le spectacle baroque et saisissant de cet hyperréaliste de l'émotion, ce conteur rétro-futuriste qui aime transformer la matière et envelopper le sublime d'une couche d'inconfort moribond. Ici la grandeur mystique des maîtres flamands ou espagnols fusionne avec des références underground et populaires, il nous parle de ses héros de bande-dessinée, de la quête du merveilleux selon Miyazaki ou encore des contes traditionnels fantastiques de l'Est. À l'image de ces figures éternelles qui ont bercé notre enfance ou nous accompagnent encore aujourd'hui, les mondes dessinés de Davor Vrankic nous fascinent parce que leur étrangeté nous est familière. En dessinant cette réalité apocalyptique et crépusculaire, qui est aussi un peu la nôtre, l'artiste nous rappelle avec la sagesse des visionnaires que " le véritable état du monde, c'est le chaos ". Anne-Cécile Guitard

2B or not 2B? That is the question

" Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, que n'en rêve votre philosophie ". (Hamlet, I, 5, 165-166) Shakespeare

Il faut monter huit étages à pied pour accéder à l'atelier de Davor Vrankić. Ce n'est pas rien. Mais, une fois passé la petite porte et le vestibule encombré, quelle récompense !

On découvre une œuvre incomparable, unique en son genre ; celle d'un dessinateur génial qui ne compte et ne s'appuie concrètement sur rien d'autre que sa main et son crayon pour matérialiser un univers visuel sorti tout droit de son cerveau. Davor n'emploie pas de photographies ni de documents visuels, pas de croquis, pas de plan, pas d'esquisse. Le point de départ est toujours le même : une feuille blanche de format variable, un crayon de papier 0,9 2B. J'allais oublier : pas de gomme. Voilà pour ce qui est des règles du jeu. Le reste est libre et fondamentalement indéterminé. Le dessin s'arrête de lui-même une fois l'espace arrivé à saturation. Saturation est probablement le mot juste, mais il ne rend que faiblement compte de l'impression saisissante éprouvée face à ces œuvres. Il y a quelque chose de démentiel et d'ahurissant. A-t-on jamais vu un pareil enchevêtrement de formes, de matières, de personnages, de lieux, d'espace, de temps, d'ombre et de lumière ? Pas sûr. Bosch, Brueghel, Altdorfer, Durer ou plus près de nous Erro, Sarah Sze, Jim Shaw ou Tom Friedman, chacune et chacun étant passé maître dans l'art d'occuper l'espace, de tisser sa toile où notre regard vient se poser pour rapidement se perdre sans jamais trouver l'issue. Et de fait, il n'y a ni issue ni échappatoire, seulement des plis et replis, des anfractuosités, des goulets, des chemins mais toujours à l'intérieur du susdit monde encombré à outrance. Il y a une chose toutefois : tout n'est pas net. Il y a parfois une zone floue. Comme si la mise au point si chère à Davor, lui qui excelle à rendre de manière si méticuleuse les matières et les textures, allait de pair avec une capacité à troubler le regard. Est-on en train de regarder quelque part ailleurs, très loin ou très près, à travers une lentille, celle d'un judas, d'un microscope ou d'un télescope ? Est-ce un monde miniature qui se cache au niveau sub-atomique ou bien à l'autre bout de l'univers lointain sur une lointaine planète ? Ou encore s'agit-il d'un miroir reflétant une réalité latente et seulement perceptible à travers son reflet ? Au fond qu'importe. C'est aussi fou, aussi vaste et énigmatique que le ciel et la terre réunis. 2B or not 2B? That is the question. And 2B is the answer.

David Rosenberg, Paris, juin, 2016


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