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Vernon Subutex (Saison 1, épisodes 1 à 3) : voyage onirique en vinyles

Publié le 09 avril 2019 par Delromainzika @cabreakingnews

Avant d’être une « création originale Canal + », Vernon Subutex est une trilogie de Virginie Despentes (parue entre 2015 et 2017). C’est Cathy Verney (Fais pas ci Fais pas ça, Hard) qui s’est alors chargée de l’adaptation en série télévisée. Parler de l’errance dans la vie d’un disquaire SDF a du fort potentiel, squattant le canapé de ses amis de jeunesse et faisant alors des rencontres étonnantes tout en ajoutant derrière tout cela une bonne dose de rock. Avec ces trois premiers épisodes, la série place rapidement son univers. Dès le premier épisode, Vernon est plongé dans la rue, voit la mort d’une rock-star sur le retour et fidèle ami, et voit alors sa vie basculer. Je ne connais pas le livre dont est adapté Vernon Subutex (peut-être est-ce une erreur) mais je connais l’écriture de Virginie Despentes ayant lu Baise-moi, son premier roman. Puis vu Les Jolies Choses, adaptation de son troisième roman. Il y a pas mal de poésie un brin avant-gardiste là dedans avec un ton particulier que l’on retrouve d’ailleurs en partie dans Vernon Subutex. On sent donc que la série n’a de cesse de faire de l’oeil à l’oeuvre de départ. Mais ce n’est pas forcément le texte qui séduit le plus dans Vernon Subutex mais bel et bien Romain Duris. Ce dernier fait du Romain Duris comme on a pour habitude de le voir au cinéma, mais finalement c’est tout ce que l’on a envie de voir.

Vernon Subutex, disquaire au chômage, se fait expulser de son appartement. En quête d’un endroit où dormir, Vernon sollicite d’anciens amis de la bande de Revolver, son mythique magasin de disques, dont Alex Bleach, rock-star sur le retour. Mais celui-ci meurt d’une overdose et lui laisse trois mystérieuses cassettes vidéo. Alors que Vernon disparaît dans l’anonymat de la ville, il devient l’homme le plus recherché de Paris…

Peut-être aussi car ce portrait de disquaire SDF, avec sa veste en cuir, ses cheveux longs un peu gras et son sac à bandoulière, c’est l’image que j’ai de Romain Duris dans la vraie vie. Et il arrive à devenir assez rapidement touchant . Ce côté nonchalant est tout ce que j’ai envie de voir de la part de l’acteur, comme il a toujours fait au cinéma. Vernon Subutex c’est donc aussi une aventure plus qu’une série chorale dans le sens où les destins de chacun des personnages qui va croiser le chemin de Vernon Subutex ne sont peut-être pas suffisamment développés (ou peut-être pas à leur juste valeur). Les personnages secondaires sont donc très secondaires et il n’y a pas de place pour que quelqu’un d’autre tente de voler la vedette au héros. Mais j’aime bien la façon dont chaque personnage est incarné, par des acteurs et actrices talentueux. Que demander de mieux à Laurent Luca que d’incarner un crétin assez terrifiant ou bien à Céline Sallette d’être la Hyène redoutable. D’ailleurs, cette dernière semble par moment devenir plus intéressante dans le récit que le héros dont les scénaristes nous content l’histoire.

Le manque de place par moment par épisode empêche à certains personnages de réellement éclore. Dans les épisodes 2 et 3, nous avons donc deux chemins qui vont croiser celui de Vernon Subutex et finalement, ils n’ont pas tout l’intérêt que l’on aurait pu porter autrement. Et puis le côté bienveillant par moment de la production empêche d’avoir ce côté rock’n’roll osé qu’elle aurait sûrement pu avoir dans une dimension différente. Si la drogue coule à flot dans le premier épisode, j’aurais aimé que les excès soient dépeints autrement et que le côté rock star soit donc mieux fichu. Mais il y a tout de même une certaine forme d’onirisme attachant qui donne envie de plonger plus loin dans cette aventure aux côtés d’un paumé de la vie qui a tout perdu. C’est donc presque une série qui peut faire un parallèle étonnant avec la situation actuelle du pays, où des gens ont tout perdu du jour au lendemain, mais aussi avec la situation du monde sur l’évolution des modes d’écoutes de la musique (ou de visionnage de la vidéo) qui ont tué certains artisans comme ici un disquaire.

Note : 6.5/10. En bref, Romain Duris est nonchalant et attachant comme il sait si bien le faire. D’aventures en aventures, Vernon Subutex récolte des destins croisés tous intéressants pour des raisons différentes.


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